Une bactérie inconnue découverte à bord de la station spatiale chinoise Tiangong interroge la science

Publié le 8 juillet 2025 à 13:33

Isolée par l’équipage de la mission Shenzhou-15, une souche bactérienne jamais recensée sur Terre vient d’être identifiée dans la station chinoise Tiangong. Son nom, Niallia tiangongensis. Une découverte qui intrigue les microbiologistes autant qu’elle soulève de nouvelles questions sur la vie en orbite.

Écrit par @radiosiskofm

Une bactérie inconnue découverte à bord de la station spatiale chinoise Tiangong interroge la science

La nouvelle souche est étroitement liée à une bactérie présente dans le sol, les eaux usées, les aliments et les selles humaines. Wikipedia / CC BY-SA 4.0

 

En mai 2023, alors que les astronautes de la mission Shenzhou-15 menaient une série d’expériences de routine dans la station Tiangong, ils ont prélevé plusieurs échantillons biologiques sur des surfaces internes de l’habitat spatial. L’analyse génomique menée par l’Académie chinoise des sciences a confirmé en mars 2025 qu’une bactérie inconnue, désormais baptisée Niallia tiangongensis, y avait été identifiée.

Cette souche est génétiquement proche de Niallia circulans, une bactérie terrestre habituellement retrouvée dans les sols ou les eaux usées, parfois pathogène. Mais N. tiangongensis présente des mutations qui la rendent unique. Surtout, elle n’avait jamais été observée sur Terre, ni avant ni après la mission, ce qui laisse penser qu’elle a muté – ou émergé – directement dans l’environnement spatial.

Ce micro-organisme, de type aérobie, est capable d’hydrolyser le gélatine, un processus par lequel il extrait du carbone et de l’azote en milieu pauvre. En d’autres termes, il peut se nourrir dans des conditions extrêmes, comme celles de l’espace.

Son génome révèle également une surreprésentation de protéines spécialisées dans la réparation de l’ADN endommagé par les radiations, et dans la formation de biofilms protecteurs, capables d’adhérer aux surfaces des équipements. Des caractéristiques qui pourraient lui conférer une résistance inédite aux rigueurs de la vie en orbite.

Ces mutations suggèrent une évolution accélérée ou une adaptation directe au milieu spatial, dans un contexte de microgravité, de rayonnements ionisants et de confinement.

Sans céder à la panique, plusieurs scientifiques s’interrogent. Car si Niallia circulans peut provoquer des infections opportunistes sur Terre, la version spatiale soulève des doutes légitimes sur sa dangerosité pour l’équipage.

Dans un environnement clos comme celui de Tiangong – ou à l’avenir, d’une base lunaire ou martienne –, la présence d’un pathogène incontrôlé pourrait avoir des conséquences graves sur la santé des astronautes ou sur la fiabilité des installations.

Le programme CHAMP (Chinese Space Habitat Microbiome Project) a donc lancé une batterie de tests pour évaluer la résistance aux antibiotiques, la capacité de la bactérie à se propager, et ses éventuelles interactions avec d’autres micro-organismes présents dans la station.

Cette découverte n’est pas isolée. Depuis les débuts de la conquête spatiale, des micro-organismes terrestres ont été observés en train de muter ou de s’adapter dans l’espace, notamment à bord de l’ISS. Mais la particularité de Niallia tiangongensis réside dans son caractère entièrement nouveau, inconnu dans les bases de données biologiques terrestres.

Pour la Chine, cela souligne l’importance de la recherche spatiale dans le domaine du vivant. Pour l’humanité tout entière, cela rappelle une leçon simple mais essentielle, l’espace n’est pas un vide stérile, mais un environnement à part entière, capable d’influencer l’évolution biologique.

 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM

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