Israël détruit des tours à Gaza-Ville, affirmant contrôler 40 % du territoire. Derrière la rhétorique militaire, les civils subissent famine, exode et massacres.
Par @sahbymehalla

Des Palestiniens déplacés fuyant le nord de la bande de Gaza avancent avec leurs affaires le long de la route côtière, dans le centre de Gaza, jeudi 4 septembre 2025. (AP Photo/Jehad Alshrafi)
Depuis le 10 août 2025, l’armée israélienne a lancé une offensive majeure sur Gaza-Ville. Elle affirme aujourd’hui contrôler 40 % de la cité, notamment les quartiers densément peuplés de Zeitoun et Sheikh Radwan.
Derrière ce chiffre présenté comme une victoire militaire, la réalité est bien plus tragique, les frappes incessantes, menées sur des immeubles résidentiels prétendument utilisés par le Hamas, provoquent des destructions massives et ajoutent un désastre humanitaire à une population déjà en souffrance.
Les bilans humains sont vertigineux. Plus de 64 000 Palestiniens ont perdu la vie depuis le début du conflit, la majorité étant des civils, femmes et enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza cité par l’Associated Press. À cela s’ajoutent plus de 161 000 blessés, dont des dizaines de milliers dans un état critique. Rien que sur la semaine du 27 août au 3 septembre, 571 morts et 2 318 blessés supplémentaires ont été recensés. La guerre a aussi poussé plus de 76 000 personnes à fuir leurs foyers en quelques jours, accentuant l’exode interne qui déchire l’enclave.
Le spectre de la famine s’abat désormais sur Gaza. Selon le système IPC (Integrated Food Security Phase Classification), l’ensemble de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë, et près d’un tiers, soit environ 640 000 personnes, est déjà en situation de famine, la phase la plus extrême de la classification. Cette réalité glaçante transforme Gaza-Ville en une zone où la survie quotidienne devient un combat, et où l’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux soins est presque inexistant.
Les enfants sont les premières victimes de cette spirale. Selon un comité des Nations unies, 21 000 enfants ont été rendus invalides et plus de 40 500 blessés depuis le début de la guerre, une information rapportée par The Guardian. Une proportion dramatique subira des handicaps permanents. Dans un territoire où les hôpitaux s’effondrent sous la charge, où les équipements médicaux sont détruits ou épuisés à plus de la moitié de leurs capacités, chaque blessure devient une condamnation à vie.
La stratégie militaire israélienne consiste désormais à détruire méthodiquement les tours et immeubles de grande hauteur. Le 5 septembre, une frappe a pulvérisé un bâtiment emblématique du quartier de Rimal, cœur de Gaza-Ville. Israël l’a présenté comme un centre de commandement du Hamas, mais plusieurs civils y ont trouvé la mort, comme l’a rapporté l’Associated Press. Cette logique d’attaque urbaine, censée viser des postes d’observation ou de communication, s’avère avant tout un stratagème de punition collective, rasant des quartiers entiers au nom d’une prétendue sécurité.
Derrière l’offensive militaire, un plan plus vaste se dessine. D’après The Sun et le Washington Post, Israël pourrait mobiliser jusqu’à 400 000 soldats pour une occupation prolongée de Gaza-Ville, avec l’objectif de contrôler directement la cité et de remplacer les structures administratives du Hamas par une gouvernance militaire israélienne. Ce projet, approuvé par le cabinet de Benjamin Netanyahu, s’accompagnerait d’un calendrier de deux mois pour l’évacuation forcée des civils, alors même que les infrastructures médicales et sociales s’effondrent.
Les dénonciations se multiplient à travers le monde. Amnesty International et Human Rights Watch accusent Israël de violations flagrantes du droit international humanitaire et rappellent que le ciblage répété de zones civiles constitue un crime de guerre. Deux sénateurs américains, Chris Van Hollen et Jeff Merkle, ont publiquement parlé de nettoyage ethnique après une visite dans la région. Ces condamnations, bien que nombreuses, semblent impuissantes à freiner une machine de guerre qui poursuit méthodiquement son avancée.
À mesure que les immeubles s’effondrent, que les familles sont délogées et que les enfants meurent sous les gravats, Gaza-Ville devient le symbole d’une humanité piétinée. Les communiqués militaires parlant de « lutte contre le terrorisme » ne suffisent plus à masquer une réalité faite de morts civiles, de famine organisée et de destruction systématique. L’« étau » que promet d’intensifier Israël n’apparaît pas comme une stratégie sécuritaire, mais comme une opération de destruction totale, où la population entière est prise pour cible.
La question n’est plus de savoir si Gaza pourra se relever, mais combien de temps la communauté internationale restera spectatrice d’un désastre qui, chaque jour, efface un peu plus la vie et l’avenir de deux millions de Palestiniens enfermés dans l’enclave.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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