Surveillance de masse en Palestine : Microsoft accusé d’avoir hébergé 200 millions d’heures d’appels interceptés pour l’armée israélienne

Publié le 10 août 2025 à 15:17

Une enquête conjointe de The Guardian, +972 Magazine et Local Call révèle un accord secret entre Microsoft et l’unité de renseignement militaire israélienne Unit 8200. Depuis 2022, l’entreprise aurait permis le stockage massif d’appels palestiniens interceptés, utilisés dans des opérations militaires.

Par @radiosiskofm

Surveillance de masse en Palestine : Microsoft accusé d’avoir hébergé 200 millions d’heures d’appels interceptés pour l’armée israélienne

C’est lors d’une rencontre discrète en décembre 2021 entre Satya Nadella, PDG de Microsoft, et Yossi Sariel, alors chef de l’unité de renseignement israélienne Unit 8200, qu’aurait été scellé l’accord. Selon les documents obtenus par The Guardian, l’objectif était clair, créer un environnement cloud sur-mesure, hébergé sur la plateforme Azure, pour permettre à l’armée israélienne de traiter des volumes colossaux de données de surveillance.

Dès 2022, le système était opérationnel. Capable de gérer l’équivalent d’un million d’appels par heure, il a permis l’interception et l’archivage massif de communications téléphoniques palestiniennes provenant de Gaza et de Cisjordanie.

D’après +972 Magazine, à l’été 2025, près de 11 500 téraoctets de données — soit environ 200 millions d’heures d’appels audio — étaient stockés sur les serveurs Azure situés aux Pays-Bas et en Irlande.

Ces conversations, obtenues via une surveillance électronique ciblant la population palestinienne, auraient été exploitées pour préparer des frappes aériennes, justifier des arrestations et, selon certaines sources internes à Unit 8200, faire du chantage.

Interrogée par The Guardian, Microsoft affirme ne pas avoir eu connaissance de l’utilisation précise de ses infrastructures pour ce type d’opérations. L’entreprise assure qu’elle “n’autorise pas l’utilisation de ses services pour violer les droits humains” et a annoncé l’ouverture d’une enquête interne sur les conditions de ce contrat.

Mais les documents internes obtenus par les journalistes montrent des échanges réguliers entre ingénieurs Microsoft et membres de Unit 8200, suggérant une collaboration technique étroite.

Des experts en cybersécurité et en droits humains décrivent ce programme comme “l’une des plus vastes opérations de surveillance de masse contre une population civile jamais révélées”. Selon Nadim Nashif, directeur de l’ONG 7amleh, cette affaire illustre “la militarisation extrême des technologies et le rôle central joué par les grandes entreprises dans la collecte et l’exploitation des données”.

La révélation a provoqué un séisme au sein même de Microsoft. Plusieurs employés, regroupés au sein du collectif No Azure for Apartheid, demandent l’annulation immédiate de tout partenariat avec l’armée israélienne. Comme le rapporte PC Gamer, certains appellent même au boycott de Game Pass et Xbox pour faire pression sur l’entreprise.

Alors que Microsoft poursuit son enquête interne, les ONG internationales demandent des comptes et appellent à un contrôle strict des partenariats technologiques pouvant être utilisés à des fins militaires contre des civils.

Pour l’heure, la firme de Redmond reste sous le feu des critiques, prise dans la tempête médiatique d’un scandale mêlant surveillance de masse, Big Tech et conflit armé.

 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM 

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