Donald Trump lance le compte officiel @whitehouse sur TikTok, alors même que l’application est toujours sous la menace d’un bannissement aux États-Unis.
Par @sahbymehalla
Ironie du sort ou pragmatisme digital ? Alors que TikTok reste sous la menace d’un bannissement aux États-Unis, la Maison-Blanche a officiellement lancé son compte sur la plateforme le 19 août 2025. La première vidéo publiée met en scène Donald Trump lui-même, face caméra, lançant : « L’Amérique est de retour. Salut TikTok ? ».
Depuis plusieurs années, TikTok est accusée par Washington de représenter une menace pour la sécurité nationale, en raison de ses liens avec la maison mère chinoise ByteDance. En 2024, le Congrès avait voté le Protecting Americans from Foreign Adversary Controlled Applications Act (PAFACA), qui oblige ByteDance à céder TikTok à un acteur américain ou à quitter le marché. La date butoir a déjà été repoussée à plusieurs reprises, désormais fixée au 17 septembre 2025.
Dans ce contexte, l’ouverture d’un compte officiel de la Maison-Blanche fait figure de contradiction. Comment justifier la présence d’un gouvernement sur une application qu’il menace lui-même d’interdire ? Pour les analystes, la réponse est simple, la politique américaine ne peut plus se passer de TikTok.
Avec plus de 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, dont une majorité de jeunes, TikTok est devenu un terrain incontournable pour toute campagne électorale. Donald Trump, qui avait qualifié la plateforme de « cheval de Troie chinois » en 2020, reconnaît désormais qu’elle a généré « des milliards de vues » lors de sa campagne présidentielle de 2024.
Cette bascule illustre la difficulté des dirigeants à concilier préoccupations sécuritaires et réalités politiques. En d’autres termes, TikTok est à la fois suspecte et indispensable.
Le lancement du compte officiel n’a pas eu l’effet escompté. Les premières publications ont suscité un flot de critiques, certains utilisateurs rappelant les accusations passées contre TikTok. Le directeur digital de la Maison-Blanche, Billy McLaughlin, a même présenté sa démission peu après, évoquant la réaction virulente des internautes et les détournements massifs du contenu.
L’affaire souligne les limites de cette stratégie, si TikTok peut être un relais puissant, il reste aussi un espace incontrôlable, où chaque message officiel est immédiatement moqué, détourné et amplifié.
Alors que la date de septembre approche, beaucoup estiment qu’un bannissement pur et simple paraît de moins en moins probable. Les multiples reports décidés par Donald Trump lui-même témoignent d’une volonté de garder TikTok sous pression sans l’éliminer totalement. Certains y voient un levier de négociation avec Pékin, d’autres un simple calcul électoral.
L’entrée de la Maison-Blanche sur TikTok symbolise un tournant, la politique américaine ne peut ignorer la plateforme, même au prix de ses contradictions. Derrière cette décision se joue une bataille plus large, celle de l’influence digitale dans une démocratie où les vidéos de 30 secondes pèsent parfois plus lourd qu’un discours officiel.
Malgré un cadre légal toujours menaçant, la Maison-Blanche choisit de s’implanter sur TikTok. Une stratégie paradoxale mais révélatrice, aux États-Unis, l’enjeu électoral prime désormais sur les velléités de bannissement.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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