Elon Musk s’invite dans le débat politique au Japon en soutenant une manifestation anti-immigration

Après l’Allemagne et le Royaume-Uni, Elon Musk s’immisce désormais dans la politique japonaise. Fin août, l’entrepreneur américano-sud-africain a apporté son soutien, via un simple commentaire en ligne, à une manifestation anti-immigration organisée à Osaka. Un geste qui relance les critiques sur l’usage de son influence et sur la montée d’un discours nationaliste dans un pays pourtant marqué par une immigration extrêmement faible.

Le 30 août, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées dans le centre d’Osaka pour demander l’expulsion des immigrés illégaux. Parmi les pancartes brandies, certaines affichaient des slogans explicites, tels que « Ne faites pas du Japon l’Afrique ». Les images de ce cortège ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, relayées par des comptes nationalistes européens et japonais.

Elon Musk, fidèle utilisateur de sa plateforme X (ex-Twitter), a réagi par un laconique « Good » en réponse à l’une de ces vidéos. Une prise de position brève, mais lourde de sens dans un contexte où ses interventions politiques se multiplient à l’échelle mondiale.

Ce n’est pas la première fois que Musk se fait remarquer sur la scène politique. En Allemagne, il avait déjà exprimé son soutien au parti d’extrême droite AfD, très critique envers l’immigration. Au Royaume-Uni, ses prises de position avaient été interprétées comme un appui implicite au parti Reform UK, également situé sur cette ligne nationaliste.

Le choix du Japon pour une nouvelle intervention n’est pas anodin. Le pays, confronté à un vieillissement accéléré de sa population, maintient une politique migratoire particulièrement restrictive. L’immigration représente environ 2,8 % de la population (3,5 millions de personnes), un chiffre très bas par rapport aux pays de l’OCDE.

Si le gouvernement japonais a récemment assoupli certains dispositifs pour accueillir davantage de travailleurs étrangers, notamment dans les secteurs en tension comme la construction et les soins, l’opinion publique demeure divisée. En juin 2024, une réforme controversée de la loi sur l’immigration a facilité les expulsions des demandeurs d’asile déboutés, suscitant l’inquiétude des ONG de défense des droits humains.

Dans ce contexte, l’appui de Musk à une manifestation hostile aux immigrés risque d’alimenter la polarisation. Certains analystes redoutent que son poids médiatique ne serve de caisse de résonance aux discours les plus radicaux, sans prendre en compte la réalité démographique du Japon, qui fait face à une chute inédite de sa population active.

Avec plus de 180 millions d’abonnés sur X, Elon Musk ne se contente plus d’être un entrepreneur visionnaire dans la technologie et l’espace. Ses interventions politiques, même succinctes, s’apparentent désormais à des prises de position internationales.

De Berlin à Londres, et désormais à Tokyo, il s’affirme comme une voix influente dans les débats sur l’immigration et l’identité nationale. Une stratégie qui interroge, s’agit-il d’un véritable engagement idéologique ou d’une volonté d’entretenir son image de figure clivante à l’échelle mondiale ?

Le cas japonais illustre le paradoxe d’un pays qui a besoin de main-d’œuvre étrangère mais continue de fermer ses portes par crainte de perdre son homogénéité culturelle. En y apportant son grain de sel, Musk confirme son rôle de perturbateur global.

Reste à savoir si son intervention restera un simple geste symbolique ou si elle contribuera à renforcer l’écho des mouvements nationalistes dans l’archipel.

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM