Tandis que Donald Trump assume un désengagement total des négociations climatiques, l’Amérique laisse un vide que d’autres nations pourraient bien transformer en opportunité historique.
Par @lemanifestmedia
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis (à gauche) s’entretient avec Chris Wright, secrétaire du département américain de l’Énergie (à droite), lors de la conférence du Atlantic Council à Athènes, en Grèce, le vendredi 7 novembre 2025. (Photo : AP / Petros Giannakouris)
La COP30, qui s’ouvre à Belém, au cœur de l’Amazonie brésilienne, marque une étape singulière dans la lutte contre le réchauffement climatique. Non pas par la présence des grandes puissances, mais par l’absence la plus retentissante, celle des États-Unis. L’administration Trump a confirmé qu’aucun représentant de haut niveau ne participerait à la conférence, un signal fort de son climatoscepticisme assumé.
Selon l’Associated Press, la Maison-Blanche a annoncé fin octobre qu’elle « n’enverrait aucun officiel » à la COP30, préférant concentrer ses efforts sur « la souveraineté énergétique américaine ». Une décision qui prolonge la ligne dure du président Trump, déjà critique à l’égard de l’Accord de Paris et de toute forme de régulation environnementale perçue comme un frein à la croissance.
Un vide diplomatique… ou un appel à l’action ?
Pour les observateurs, ce désengagement pourrait paradoxalement jouer un rôle catalyseur. « L’absence des États-Unis n’est pas une défaite, c’est un test », analyse un diplomate européen cité par The Guardian. « Si le reste du monde ne se mobilise pas maintenant, quand le fera-t-il ? »
Cette lecture optimiste est partagée par plusieurs ONG environnementales. Le Washington Post souligne que les pays émergents et l’Union européenne pourraient tirer parti de ce vide pour imposer de nouvelles orientations en matière de financement climatique et de protection des forêts tropicales.
Le choix de Belém, en pleine Amazonie, est hautement symbolique, montrer que la bataille climatique se joue aussi sur le terrain des écosystèmes les plus vulnérables. Dans cette perspective, l’absence américaine est vécue non comme une abdication globale, mais comme un appel à la responsabilité collective.
Le poids du climatoscepticisme trumpien
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a relancé les forages pétroliers en Alaska, supprimé l’Office of Climate Change créé sous Obama et accusé les Nations unies de propager une « hystérie climatique ». En avril dernier, son administration a même dissous le bureau chargé de superviser la participation américaine aux conférences de l’ONU sur le climat.
Pour beaucoup, cette posture s’inscrit dans une stratégie politique interne, séduire un électorat rural et industriel attaché aux énergies fossiles. Mais sur la scène internationale, elle laisse une impression de vide moral et diplomatique.
Loin de décourager les acteurs présents à Belém, cette absence redonne paradoxalement du souffle à la coopération Sud-Sud. Plusieurs États d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie voient dans cette COP l’opportunité de reconstruire la diplomatie climatique sur de nouvelles bases, plus équitables, plus locales, moins dépendantes des grandes puissances.
Des coalitions citoyennes et ONG profitent aussi de ce moment pour rappeler que l’action climatique ne dépend pas uniquement des gouvernements. Des villes comme Paris, São Paulo, Nairobi ou Séoul se présentent désormais comme des acteurs à part entière, capables de signer leurs propres accords de transition énergétique.
Une COP de rupture, pas de résignation
L’histoire retiendra peut-être la COP30 comme celle où le leadership climatique a changé de mains. Le désengagement des États-Unis ne scelle pas la fin du combat — il en redéfinit les contours.
À Belém, dans la moiteur amazonienne, les négociateurs savent qu’ils ne pourront plus attendre que Washington prenne la tête. L’avenir climatique du monde se joue ici, sans la première puissance mondiale — et c’est peut-être, paradoxalement, ce qui rend cette COP historique.
ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION
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