Frank-Walter Steinmeier propose d’accueillir l’écrivain franco-algérien en Allemagne pour raisons humanitaires
Par @lemanifestmedia
Boualem Sansal s’exprime lors de la 62ᵉ édition du Festival international du film de Berlin (Berlinale), à Berlin, le jeudi 9 février 2012. (Photo AP/Markus Schreiber)
Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a officiellement demandé au chef de l’État algérien Abdelmadjid Tebboune de gracier l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en mars 2025 pour « atteinte à l’unité nationale ». Dans une déclaration transmise par la présidence fédérale, Steinmeier évoque un « geste humanitaire » et propose d’accueillir l’auteur en Allemagne afin qu’il y reçoive des soins médicaux appropriés.
Selon Middle East Online et Africa Radio, le président allemand aurait insisté sur « l’amitié de longue date entre l’Allemagne et l’Algérie » et sur la nécessité de « placer la compassion au cœur du dialogue politique ». L’Allemagne rappelle par ailleurs que Boualem Sansal, âgé de 76 ans, est lauréat du Prix de la paix des libraires allemands (2011), distinction qui avait consacré son œuvre et son engagement pour la liberté d’expression.
Arrêté à Alger en novembre 2024, l’auteur du Serment des barbares avait été condamné pour des propos jugés offensants envers l’État algérien et les institutions. Sa détention a rapidement suscité l’inquiétude d’organisations internationales et de plusieurs chancelleries européennes.
En juillet 2025, la France avait déjà appelé à sa libération, sans succès. L’intervention de Berlin marque une escalade diplomatique, la première d’un chef d’État européen sur ce dossier depuis le début de l’affaire.
D’après Al-Monitor et AP News, Steinmeier a souligné que « la littérature ne doit jamais être une cause d’emprisonnement » et que « la voix des écrivains appartient à l’humanité tout entière ». La présidence algérienne n’a, pour l’heure, pas réagi officiellement à cette requête.
Ce plaidoyer allemand s’inscrit dans un contexte sensible pour Alger, confronté à des critiques récurrentes sur le traitement des voix dissidentes. Le cas Sansal concentre ainsi les tensions entre liberté intellectuelle et raison d’État.
L’auteur, souvent perçu comme une figure controversée pour ses prises de position tranchées, a toujours revendiqué son indépendance : « Écrire, c’est refuser le silence », déclarait-il dans un entretien accordé à Der Spiegel en 2019.
Pour Berlin, l’enjeu est désormais de concilier respect des institutions algériennes et défense des droits humains. Si Alger acceptait la grâce demandée, ce serait un signal fort envoyé à la communauté internationale — et un apaisement symbolique dans les relations entre les deux pays.
ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION
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