Ukraine : les bombardements russes plongent le pays dans le noir, l’hiver s’annonce sous haute tension

Publié le 10 novembre 2025 à 13:08

Les frappes russes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes provoquent des coupures massives et font craindre un hiver de crise humanitaire sans précédent.

Par @lemanifestmedia

Ukraine : les bombardements russes plongent le pays dans le noir, l’hiver s’annonce sous haute tension

Les coupures d’électricité provoquées par des attaques de drones russes ont plongé une grande partie de l’Ukraine dans l’obscurité. Photo: Maxym Marusenko / NurPhoto / Shutterstock

 

Alors que la Russie intensifie ses frappes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, Kyiv craint un hiver plus sombre et plus difficile que jamais.

Alors que le thermomètre chute et que la neige s’installe sur Kyiv, l’Ukraine entre dans une nouvelle phase critique de la guerre. Depuis le début de novembre, les bombardements russes sur les centrales électriques et les réseaux gaziers se sont multipliés, provoquant des pannes massives et un risque de black-out national.

Selon le ministère ukrainien de l’Énergie, la Russie a « changé de tactique », frappant simultanément les sites de production, de transmission et de distribution d’électricité — une stratégie pensée pour compliquer la réparation rapide des dégâts. L’agence indépendante Euromaidan Press rapporte que cette approche « vise à provoquer des coupures prolongées et à épuiser la population civile ».

L’attaque du 8 novembre a marqué un tournant, plusieurs régions, dont Kharkiv et Dnipro, ont été temporairement privées d’électricité, d’eau et de chauffage. La capacité de production nationale aurait même été ramenée à « zéro » pendant plusieurs heures, selon le Times of India. Dans un contexte où la température peut descendre en dessous de -15 °C, chaque minute sans chauffage devient une menace pour la santé publique.

Les autorités locales ont d’ores et déjà mis en place des plans d’urgence, refuges chauffés, distributions de générateurs et rationnement énergétique dans les grandes villes. Mais le ministre de l’Énergie, German Galushchenko, l’a reconnu sans détour : « Cette année, les frappes sont plus puissantes et plus coordonnées que celles des hivers précédents. »

Ce que Moscou présente comme des « opérations militaires » s’apparente, selon plusieurs experts, à une véritable guerre énergétique. Un rapport récent de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avertit que les attaques contre les infrastructures critiques exposent l’Ukraine à des « conséquences humanitaires majeures » cet hiver.

Pour le chercheur Edward Chow, du Center for Strategic and International Studies (CSIS), « le Kremlin cherche à plonger les Ukrainiens dans le froid et l’obscurité, afin de saper le moral et forcer des concessions politiques ». Une stratégie déjà testée lors de l’hiver 2022–2023, mais désormais amplifiée.

Face à cette nouvelle vague d’attaques, le président Volodymyr Zelensky a renouvelé son appel aux alliés occidentaux. Il réclame notamment davantage de systèmes de défense anti-aérienne Patriot pour protéger les infrastructures critiques. « L’électricité, c’est la vie, et Moscou le sait », a-t-il déclaré.

D’après Associated Press, les États-Unis et plusieurs pays européens envisagent de renforcer leur soutien en matériel défensif et en générateurs industriels. Mais l’acheminement et la mise en place prennent du temps, et chaque jour compte.

L’hiver 2024 avait déjà mis l’Ukraine à rude épreuve. Cette fois, la population redoute un scénario encore plus sombre. Les ingénieurs de la compagnie nationale Ukrenergo travaillent jour et nuit pour rétablir le courant dans les zones sinistrées, tandis que les habitants s’organisent pour survivre dans un quotidien ponctué de coupures.

« On a appris à vivre avec les bougies et les poêles à bois, mais la peur revient chaque soir », confie Olena, une habitante de Kharkiv, jointe par téléphone. « On ne sait jamais si la lumière reviendra demain. »

Malgré les frappes, Kyiv affiche sa détermination. Les autorités promettent de maintenir les services essentiels et de renforcer les réparations express. Mais l’équation reste complexe, protéger le réseau, produire assez d’énergie, et soutenir une population épuisée après presque trois ans de guerre.

Pour beaucoup, l’électricité est devenue le symbole même de la résistance ukrainienne. Une lumière vacillante, mais toujours debout.

 

ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION

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