Sous pression, Donald Trump appelle les républicains à voter la publication des fichiers Epstein, alors qu’un vote à la Chambre se profile. Un retournement qui soulève des questions politiques et morales à l’approche de 2026.
Par @sahbymehalla
« Sur cette photo d’archive du 30 juillet 2008, Jeffrey Epstein, au centre, apparaît au tribunal à West Palm Beach, en Floride. » (Uma Sanghvi / The Palm Beach Post via AP)
C’est un virage inattendu, mais lourd de sens. Le président Donald Trump a annoncé ce week-end soutenir la publication des fichiers liés à l’affaire Jeffrey Epstein, appelant les élus républicains à voter « en faveur de la transparence » lors d’un vote décisif prévu cette semaine à la Chambre des représentants. Cette volte-face stratégique intervient alors que des dizaines de membres du Parti républicain se disaient prêts à rompre les rangs pour forcer la divulgation.
Dans un message posté sur Truth Social, Trump affirme désormais n’avoir « rien à cacher ». Il y invite les élus républicains à voter « oui » a la Loi sur la transparence des dossiers Epstein, un projet de loi visant à forcer la publication de milliers de documents détenus par le département de la Justice, dont les noms de personnalités associées à Epstein et les communications confidentielles relatives à l’enquête sur son réseau d’abus sexuel.
Jusqu’ici, le président américain s’était montré réservé sur le sujet, préférant minimiser l’ampleur des révélations potentielles. Mais le vent a tourné. Sous la pression d’une frange conservatrice du Congrès et d’une opinion publique en quête de vérité, Trump a choisi de ne pas risquer une défaite politique dans son propre camp.
« Si l’on veut que le peuple fasse confiance à ses institutions, il faut jouer cartes sur table. J’appelle mes alliés à faire ce qui est juste. » — Donald Trump, sur Truth Social, le 16 novembre 2025.
Le texte de loi en discussion oblige le DOJ à déclassifier l’intégralité des documents non sensibles liés à Jeffrey Epstein, sauf en cas de risque avéré pour les victimes ou les enquêtes encore actives. Le président de la Chambre, Mike Johnson, a lui-même déclaré qu’il n’y avait « rien à cacher », rejoignant l’élan en faveur de la transparence.
Selon Reuters, entre 40 et 100 républicains seraient disposés à soutenir la résolution — un chiffre qui aurait été fatal pour Trump s’il avait maintenu son opposition. Face à ce risque de désaveu politique majeur, la Maison-Blanche a donc préféré ajuster sa ligne.
« Trump a compris qu’il valait mieux se ranger du côté de la vérité apparente, plutôt que de résister et apparaître comme suspect. »
Pour de nombreux observateurs, ce revirement n’est pas anodin. Le nom de Donald Trump a déjà été cité dans des documents périphériques liés à Epstein, bien qu’aucune preuve directe de lien avec ses crimes n’ait été établie. L’administration Biden, puis celle de Trump (deuxième mandat), ont toutes deux traîné des pieds sur ce dossier explosif.
Le projet de loi pourrait relancer l’attention médiatique sur des années d’accusations, de spéculations et d’ombres planant sur l’establishment politique et économique américain. De Bill Clinton à Bill Gates, plusieurs grandes figures ont vu leur nom lié, à divers degrés, aux cercles fréquentés par Epstein.
En validant cette publication, Trump prend un pari, celui que les documents restants ne contiendront rien de compromettant pour lui — ou que le bénéfice d’apparaître comme un président « transparent » surpassera le risque d’être éclaboussé.
Le vote est prévu cette semaine à la Chambre. S’il est adopté, le DOJ devra publier les fichiers restants dans un délai fixé par la loi, avec certaines exceptions encadrées. Le Sénat, à majorité républicaine depuis les élections de mi-mandat, pourrait accélérer l’adoption.
Mais déjà, les critiques pleuvent. Pour les démocrates, ce changement de cap ne lave en rien les réticences passées. Pour certains républicains modérés, il s’agit d’une manœuvre de dernière minute destinée à reprendre la main sur un débat devenu incontrôlable.
Dans l’opinion publique, l’attente est forte. Sur les réseaux sociaux, les mots-dièse #epsteinfiles, #trumpknew ou #transparencynow explosent, tandis que certains appellent à une commission d’enquête indépendante.
L’affaire Epstein, loin d’être close, pourrait bien ressurgir avec une force nouvelle. Le revirement de Donald Trump est autant un geste politique qu’un signal adressé à son électorat, celui d’un président confiant, sûr de son image — ou résolument stratège.
Reste à savoir ce que révéleront réellement ces documents… et si les Américains y trouveront enfin des réponses.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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