La présence du navire russe Yantar à la frontière des eaux britanniques inquiète le gouvernement britannique. Lasers contre pilotes de la RAF, surveillance sous-marine… Londres promet une riposte militaire en cas d'escalade.
Par @lemanifestmedia
Mod/Crown copyright - Le navire espion russe Yantar dans la Manche lors d’un incident précédent.
La tension monte d’un cran entre le Royaume-Uni et la Russie, alors qu’un navire espion russe a été repéré à la lisière des eaux territoriales britanniques, au nord de l’Écosse. L’information a été confirmée par le ministre britannique de la Défense, John Healey, lors d’une intervention au Parlement ce mardi 19 novembre. Il accuse le bâtiment russe Yantar d’activités hostiles, notamment l’usage de lasers contre des pilotes de la Royal Air Force (RAF), et évoque « des options militaires prêtes » si la situation venait à dégénérer.
Selon les premières analyses relayées par Reuters, le navire de recherche russe, souvent associé à des missions de surveillance électronique, aurait navigué à proximité critique des infrastructures sous-marines britanniques, dont les câbles transatlantiques jugés vitaux pour les communications occidentales. Officiellement, le Yantar appartient à l’Institut océanographique russe, mais son implication régulière dans des opérations de renseignement est connue des services occidentaux.
La réaction de Londres a été immédiate. Healey a indiqué avoir modifié les règles d’engagement pour la Royal Navy, permettant une surveillance renforcée des navires étrangers à comportement suspect. Le ministre n’a pas hésité à employer un ton ferme : « Nous n’hésiterons pas à répondre si l’intégrité de notre territoire ou de nos infrastructures critiques est menacée. »
Par ailleurs, le gouvernement soupçonne le Yantar de cartographier discrètement le fond marin pour repérer les points faibles du réseau câblé. Un enjeu stratégique de taille, dans un contexte international de plus en plus tendu, où les menaces hybrides et les agressions dites « en zone grise » se multiplient.
Ce n’est pas la première fois que la présence du Yantar suscite l’inquiétude. En janvier 2025, il avait été repéré près des côtes irlandaises, suscitant une réponse coordonnée entre Londres et Dublin. Déjà à l’époque, des voix s’élevaient pour dénoncer l’opacité de ses missions.
Le nouvel incident intervient alors que la Russie est déjà accusée de multiplier les actes d’intimidation dans les eaux de l’Atlantique Nord. La multiplication des survols de chasseurs près de l’espace aérien de l’OTAN et la récente utilisation de lasers militaires – confirmée par plusieurs pilotes de la RAF – renforcent la perception d’une stratégie agressive de la part du Kremlin.
Le recours aux navires civils ou semi-civils à des fins de renseignement entre dans ce que les experts appellent la « guerre hybride ». Ces opérations permettent d’éviter une confrontation directe, tout en affaiblissant l’adversaire sur le long terme. Le Yantar en est un exemple emblématique, toujours à la limite de la légalité, il pousse les frontières du droit maritime international sans jamais les franchir ouvertement.
Selon The Guardian, le Royaume-Uni a déjà intensifié ses efforts de protection des câbles sous-marins, notamment avec la mise en service récente du navire HMS Protector, dédié à la surveillance des infrastructures critiques. Mais les analystes s’accordent, une protection à 100 % reste illusoire, et chaque incident met en lumière la vulnérabilité de nos connexions numériques.
L’annonce de John Healey est aussi politique. Le ministre travailliste envoie un signal fort de fermeté, dans un contexte où la sécurité nationale figure parmi les priorités électorales. Il veut apparaître comme un garant de l’ordre face à une Russie perçue comme de plus en plus imprévisible.
Si aucune confrontation directe n’a eu lieu pour l’instant, le climat s’alourdit. Londres surveille désormais de très près les mouvements du Yantar, et d’autres navires russes dans la région. Le gouvernement se prépare à renforcer ses moyens de dissuasion navale, et appelle ses alliés à faire de même.
ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION
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