Lors d’un face-à-face tendu à la Maison-Blanche, Donald Trump a, une nouvelle fois, prouvé qu’il ne reculait devant rien pour nourrir sa rhétorique nationaliste.
En brandissant des images de croix blanches et des vidéos de fermiers sud-africains soi-disant victimes d’un "génocide", l’ex-président américain cherche moins à défendre une cause qu’à réactiver une vieille mécanique de division raciale — au mépris de la vérité, de la diplomatie et de la mémoire collective.
Trump, qui a récemment annoncé vouloir se présenter à nouveau en 2028, a accusé ouvertement le gouvernement sud-africain de couvrir des meurtres systématiques contre les fermiers blancs. Problème : aucun rapport indépendant, aucune juridiction sud-africaine, ni aucune instance internationale n’a jamais confirmé la moindre campagne d’extermination. Il s'agit, en réalité, d’une théorie du complot d’extrême droite, reléguée depuis des années dans les marges nauséabondes d’Internet, mais que Trump ravive comme une torche allumée dans un champ d’essence.
Le président Cyril Ramaphosa, calme et ferme, a rappelé que la violence en Afrique du Sud touche d’abord les plus pauvres et les communautés noires, premières victimes des inégalités systémiques issues de l’apartheid. "Il n'y a pas de politique de haine contre les fermiers blancs", a-t-il déclaré. "Mais il y a des récupérations électorales aux États-Unis qui se font sur le dos de notre réalité sociale."
Trump, en réponse, a suspendu une aide financière de 440 millions de dollars à l’Afrique du Sud et a accordé un statut de réfugiés à des dizaines d’Afrikaners blancs, comme s’ils fuyaient une guerre civile. Ce geste unilatéral a provoqué la consternation à Pretoria. Pour l’administration sud-africaine, cette décision n’est rien d’autre qu’un "coup de com'" électoral, destiné à flatter la frange la plus radicale de la base trumpiste — celle qui s’alimente aux récits de "remplacement", de "déclin de l’homme blanc" et de nostalgies coloniales.
Ce nouvel épisode démontre à quel point la diplomatie trumpienne est devenue un théâtre d’ombres, où la vérité compte moins que le spectacle. Et si les fermiers blancs sud-africains servent ici de prétexte, c’est bien l’agenda de division raciale interne aux États-Unis que Trump cherche à entretenir.
À l’heure où les démocraties se débattent contre les discours de haine, la manipulation des faits à des fins électoralistes ne devrait plus avoir sa place. Mais tant que les caméras tourneront et que les extrêmes crieront plus fort que la raison, Donald Trump continuera à instrumentaliser la douleur des peuples comme un vulgaire levier politique. Et l’Afrique du Sud, elle, devra continuer à se battre seule contre les fantômes de son passé… et les démons de la désinformation.
Par @sahbymehalla

Le président Donald Trump rencontre le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche, le mercredi 21 mai 2025, à Washington. (Photo AP/Evan Vucci)
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