Le groupe saoudien AMAK annonce la découverte de 11 millions de tonnes de minerais, une avancée clé pour Vision 2030. L’Arabie saoudite accélère son pivot économique au-delà du pétrole.
Par @sahbymehalla
Du pétrole aux minerais, l’Arabie saoudite creuse son avenir hors hydrocarbures
C’est une découverte qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire économique du Royaume. Le géant saoudien du secteur minier, AMAK (Al Masane Al Kobra Mining Company), a révélé fin novembre 2025 l’identification de plus de 11 millions de tonnes de ressources minérales dans la région d'Al Najadi, au sud-ouest du pays. Or, argent, cuivre, zinc… un véritable trésor enfoui sous le sable, désormais au cœur de la transformation économique de l’Arabie saoudite.
Cette annonce s’inscrit dans le cadre de Vision 2030, la stratégie ambitieuse portée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, visant à réduire la dépendance du pays au pétrole. Depuis son lancement, le plan cherche à diversifier les sources de revenus du Royaume, en pariant notamment sur le secteur minier, perçu comme le nouveau pilier de croissance durable.
Les résultats publiés par AMAK concernent trois sites distincts, Al Tarani, Al Makhla et Al Mukhit. D’après les premières estimations, ces gisements contiendraient environ 2,6 millions d'onces d'or et 98 millions d'onces d'argent, en plus d’importants volumes de cuivre et de zinc. Des chiffres qui font de cette découverte l'une des plus prometteuses de la décennie dans la région.
Le ministère saoudien de l’Industrie et des Ressources minérales a salué cette avancée comme un « jalon stratégique » dans la modernisation de l’économie nationale. Le ministre Bandar Alkhorayef a rappelé que le secteur minier pourrait générer jusqu’à 75 000 nouveaux emplois d’ici 2030 et représenter près de 64 milliards d’euros d’investissement cumulés.
Le désert comme nouveau Eldorado
Depuis plusieurs années, Riyad mise sur une exploitation optimisée de ses gisements inexploités de métaux, particulièrement dans le sud et l’ouest du pays. L’Arabie saoudite possède un sous-sol riche, mais encore peu valorisé, 17 000 milliards de riyals (environ 4 200 milliards d’euros) de minerais dormants, selon une étude du Saudi Geological.
Cette nouvelle dynamique repose aussi sur l’ouverture accrue aux capitaux étrangers, facilitée par des réformes législatives et fiscales. Le pays attire désormais de nombreux partenaires, notamment chinois, australiens et sud-africains, dans le cadre de joint ventures minières. AMAK, entreprise cotée à la Bourse de Riyad depuis 2022, est d’ailleurs un symbole de cette hybridation entre ambition nationale et investisseurs privés.
Derrière cette ruée vers les minerais, c’est tout un récit national qui se redessine. L’Arabie saoudite veut se positionner comme acteur global de la transition énergétique, en produisant notamment des matériaux stratégiques pour les technologies vertes, comme le cuivre ou le lithium.
Mais la route reste longue. Entre contraintes environnementales, défis logistiques et nécessité de former une nouvelle génération de cadres techniques, le secteur minier saoudien devra prouver sa durabilité autant que sa rentabilité. Pour Riyad, il ne s’agit plus seulement d’extraire, il faut transformer, innover et construire une économie à l’épreuve du temps.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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