C’est une première mondiale qui pourrait bien réécrire une page de la biologie marine.
ÉCRIT PAR : @sahbymehalla
L'une des trois espèces d'araignées des profondeurs, mangeuses de méthane, récemment découvertes au large des côtes du sud de la Californie. Crédit : Shana Goffredi
Des scientifiques américains ont identifié des créatures fascinantes au large des côtes pacifiques de la Californie jusqu’à l’Alaska, des araignées de mer vivant au fond des océans... et se nourrissant indirectement de méthane.
Ces minuscules arthropodes marins, appartenant au genre Sericosura, vivent accrochés à des fonds sous-marins riches en fuites de méthane naturel. Mais loin de consommer directement ce gaz à effet de serre, elles hébergent sur leur exosquelette une fine pellicule de bactéries méthanotrophes, capables de transformer le méthane en énergie biologique. En se nourrissant de ces bactéries – un peu comme si elles cultivaient leur propre potager microbien – ces araignées marines tirent ainsi indirectement profit du gaz qui remonte des profondeurs.
L'une des trois espèces d'araignées des profondeurs, mangeuses de méthane, récemment découvertes au large des côtes du sud de la Californie. Crédit : Shana Goffredi
« Nous avons observé que le carbone contenu dans le méthane se retrouvait intégré dans leurs tissus en seulement quelques jours », explique la biologiste marine Bianca Dal Bó, auteure principale de l’étude parue dans PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences). Pour confirmer leur hypothèse, les chercheurs ont utilisé une version isotopique du méthane (^13C), permettant de tracer son assimilation biologique.
C’est la première fois qu’un animal est documenté comme utilisant le méthane via une chaîne trophique aussi directe. Jusque-là, seuls les microbes et quelques vers extrêmophiles étaient reconnus pour exploiter cette source d’énergie. Cette découverte renforce l’idée que les écosystèmes profonds jouent un rôle méconnu mais essentiel dans la régulation du méthane océanique, un gaz 25 fois plus puissant que le CO₂ en termes de réchauffement climatique.
L'une des trois espèces d'araignées des profondeurs, mangeuses de méthane, récemment découvertes au large des côtes du sud de la Californie. Crédit : Bianca Dal Bó
Ces observations ont permis de découvrir trois espèces encore inconnues de Sericosura, mettant en lumière l'incroyable biodiversité cachée des abysses.
Ce type d’étude n’aurait pas été possible sans les avancées récentes en exploration sous-marine. Grâce à des robots télécommandés et à des capteurs de pointe, les chercheurs ont pu surveiller les interactions entre ces araignées et leurs micro-habitats pendant plusieurs jours, sans perturber leur comportement naturel.
Une chose est sûre, le fond des océans n’a pas fini de nous surprendre. Et ces "araignées du méthane", bien que minuscules, pourraient nous aider à mieux comprendre – et protéger – le climat de notre planète.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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