Immigration : l’administration Trump mise sur un logiciel espion israélien pour traquer les migrants

Publié le 4 septembre 2025 à 20:00

L’administration Trump autorise l’ICE à utiliser Graphite, un puissant spyware israélien capable de pirater téléphones et applis chiffrées. Déjà employé contre journalistes et militants en Europe, l’outil fait craindre une dérive vers la surveillance de masse aux États-Unis.

Par @radiosiskofm

Immigration : l’administration Trump mise sur un logiciel espion israélien pour traquer les migrants

La décision de l’administration Trump de lever la suspension d’un contrat avec une société israélienne de cybersurveillance ravive les inquiétudes des défenseurs des libertés civiles. L’agence américaine de l’immigration (ICE) a désormais accès à Graphite, un logiciel espion redouté, déjà utilisé par le passé contre des journalistes et des militants en Europe.

En août 2025, la Maison-Blanche a réautorisé un contrat de 2 millions de dollars conclu avec Paragon Solutions, une entreprise israélienne spécialisée dans la cybersurveillance. Ce contrat, signé à l’origine sous l’administration Biden mais gelé pour des raisons de sécurité nationale, fournit à l’ICE une « solution complète » comprenant le logiciel Graphite, du matériel associé, de la maintenance et de la formation technique.

Le gel du contrat intervenait après un décret exécutif signé en mars 2023, interdisant aux agences fédérales de recourir à des logiciels espions étrangers présentant un risque de contre-espionnage ou déjà impliqués dans des violations des droits humains.

Graphite est classé parmi les logiciels espions les plus puissants actuellement sur le marché. Il peut pirater un téléphone à distance, intercepter les communications chiffrées sur WhatsApp ou Signal, consulter les sauvegardes cloud, suivre la localisation en temps réel et transformer l’appareil en micro espion.

Ces capacités ont déjà été mises en œuvre en Italie, où des enquêtes ont révélé que le logiciel avait été utilisé pour cibler des journalistes, des militants pro-migrants et des membres d’ONG de sauvetage en mer, dont Mediterranea Saving Humans.

Ce virage sécuritaire constitue un précédent inquiétant pour les libertés aux États-Unis. Les experts craignent qu’il ouvre la voie à une surveillance intrusive non seulement contre les migrants, mais aussi contre d’autres communautés jugées « sensibles ».

John Scott-Railton, chercheur au Citizen Lab (Université de Toronto), alerte sur la « corruption des démocraties par le pouvoir secret d’intrusion » offert par de tels logiciels espions.

Nadine Farid Johnson, directrice au Knight First Amendment Institute de l’Université Columbia, met en avant le risque majeur pour la liberté de la presse et appelle le Congrès à instaurer une régulation stricte. 

Le sénateur démocrate Ron Wyden, connu pour son engagement sur les questions de cybersurveillance, dénonce également une dérive préoccupante, rappelant les pratiques déjà controversées de l’ICE en matière de détention et de respect du dû processus.

Avec ce feu vert, l’administration Trump fait un pari risqué, donner à l’ICE des moyens techniques comparables à ceux de la NSA, mais sans les garde-fous traditionnels des services de renseignement. Pour ses détracteurs, cela équivaut à institutionnaliser la surveillance de masse, au détriment des droits fondamentaux.

À l’heure où les démocraties s’interrogent sur la place de la technologie dans le maintien de l’ordre, la décision américaine est perçue comme un test grandeur nature. Pour certains, elle marque une ligne rouge, celle où la lutte contre l’immigration illégale devient le prétexte à une surveillance sans limite.

L’administration Trump a rouvert la porte à un logiciel espion israélien controversé, offrant à l’ICE un outil aux capacités intrusives considérables. Si ses promoteurs vantent une arme efficace contre l’immigration clandestine, ses opposants y voient une menace directe contre la démocratie et la liberté de la presse.

 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM 

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