Quand l’IA conçoit des virus plus puissants que la nature : l’expérience inédite de Stanford

Publié le 19 septembre 2025 à 20:52

Des chercheurs de Stanford ont généré des bactériophages grâce à l’intelligence artificielle. Certains surpassent leur équivalent naturel, offrant des espoirs contre l’antibiorésistance mais soulevant aussi de graves enjeux de biosécurité.

Par @radiosiskofm

Quand l’IA conçoit des virus plus puissants que la nature : l’expérience inédite de Stanford

C’est une avancée scientifique qui suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes. Des chercheurs de l’Université Stanford, en collaboration avec l’Arc Institute, annoncent avoir réussi à concevoir les premiers virus bactériens entièrement générés par l’intelligence artificielle. Plus surprenant encore : certains de ces phages surpassent en efficacité leurs équivalents naturels.

Le point de départ est le bactériophage ΦX174, un virus bien connu des biologistes car il infecte Escherichia coli. Plutôt que de se limiter à l’étudier, les chercheurs ont nourri un modèle d’IA, baptisé Evo, avec des milliers de génomes viraux apparentés.

L’algorithme a ensuite proposé des centaines de séquences candidates, synthétisées et testées en laboratoire.

Résultat ? sur 285 séquences produites, 16 se sont révélées viables et capables d’infecter des bactéries. Certaines d’entre elles n’avaient jamais été observées dans la nature et présentaient des combinaisons génétiques inédites.

Parmi ces créations, l’un des nouveaux virus, surnommé Evo-Φ69, a démontré une capacité d’expansion jusqu’à 65 fois supérieure au phage naturel, selon les données préliminaires publiées par l’équipe de Stanford. En clair, il se multiplie beaucoup plus vite et s’avère bien plus efficace pour perturber la croissance bactérienne.

Ces performances dépassent ce que les biologistes avaient pu obtenir jusque-là avec des techniques de modification classiques. Pour les chercheurs, c’est la preuve que l’IA ne se contente plus de mimer la nature, mais qu’elle peut proposer des solutions évolutives inédites.

Si la perspective intrigue autant, c’est parce que ces phages IA pourraient devenir des alliés précieux face à la résistance croissante aux antibiotiques. En personnalisant des virus capables de cibler des souches bactériennes spécifiques, les chercheurs espèrent ouvrir la voie à de nouvelles thérapies.

« Nous sommes encore loin d’une application clinique, mais cette technologie laisse entrevoir la possibilité de concevoir des traitements sur mesure contre les infections résistantes », souligne un membre de l’équipe cité par The Register.

Des promesses… mais aussi des risques

L’enthousiasme est tempéré par des craintes bien réelles. La conception de virus puissants, même confinée aux laboratoires de haute sécurité, soulève des questions de biosécurité et de risque de détournement. Des experts en bio-éthique alertent que les mêmes outils pourraient être utilisés pour fabriquer des souches pathogènes à des fins malveillantes.

La course entre innovation et régulation est donc lancée. Comment garantir que cette puissance biotechnologique serve uniquement la médecine et non des projets destructeurs ?

Au-delà de l’expérimentation, cette annonce marque une étape majeure, pour la première fois, l’intelligence artificielle démontre sa capacité à produire des formes de vie fonctionnelles, capables de rivaliser — voire de dépasser — celles issues de l’évolution naturelle.

Entre la promesse de sauver des vies face à des bactéries devenues ingérables, et la crainte d’ouvrir une boîte de Pandore biologique, ce travail de Stanford restera comme une date charnière dans l’histoire des sciences de la vie.

Alors que pensez-vous, l’IA doit-elle être autorisée à concevoir des virus si c’est pour sauver des vies, ou les risques dépassent-ils les bénéfices potentiels ?

 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM

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