Pour la première fois, des sondes spatiales de la NASA ont observé de près la comète interstellaire 3I/ATLAS. Un événement rarissime qui pourrait révolutionner notre compréhension de la formation planétaire au-delà du Système solaire.
Par @lemanifestmedia
Les observations de 3I/ATLAS par la mission PUNCH lorsque la comète se trouvait à une distance de 231 à 235 millions de miles de la Terre. (NASA/Institut de Recherche du Sud-Ouest)
C’est une image digne d’un roman de science-fiction, une comète filant entre les planètes, traînant derrière elle une queue glacée, venue d’un autre système stellaire. Pourtant, ce n’est pas un rêve de science populaire. Le 2 octobre 2025, la NASA a capturé les clichés les plus nets à ce jour de 3I/ATLAS, le troisième objet interstellaire jamais observé dans notre Système solaire, après ʻOumuamua (2017) et Borisov (2019).
Cette comète, détectée en juin 2025 par le télescope ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System), fascine les chercheurs depuis des mois. Mais c’est grâce à la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) que l’humanité a obtenu sa première “photo rapprochée” de cette intruse céleste, située à seulement 30 millions de kilomètres de la planète rouge au moment de l’observation.
« Voir une comète d’une autre étoile à cette distance, c’est comme attraper une goutte d’eau dans une tempête galactique », résume Amy Mainzer, astrophysicienne spécialisée en objets proches de la Terre à la NASA, citée par NASA.gov.
Les images capturées montrent une coma (l’enveloppe gazeuse autour du noyau de la comète) particulièrement brillante et une longue queue de poussière, signes d’une activité intense à l’approche du Soleil. Mais ce qui intrigue davantage les chercheurs, c’est la composition chimique inhabituelle de 3I/ATLAS.
Selon les analyses spectroscopiques relayées par ScienceAlert, la comète présente une concentration exceptionnelle de dioxyde de carbone (CO₂), bien plus importante que celle généralement observée dans les comètes issues de notre propre nuage d’Oort.
« Cela suggère que 3I/ATLAS s’est formée dans une région froide, peut-être même plus éloignée de son étoile d’origine que ne le sont nos comètes les plus distantes », explique le Dr Olivier Hainaut, astronome à l’Observatoire Européen Austral.
Alors que les spéculations fusent souvent sur l’origine de tels objets — ʻOumuamua avait brièvement été qualifié de “vaisseau alien” par certains chercheurs —, la NASA a rapidement clarifié les choses, 3I/ATLAS est bien une comète, avec une trajectoire et un comportement conformes à ce que l’on observe chez les corps glacés naturels.
L’agence spatiale précise que sa vitesse, sa trajectoire hyperbolique et sa composition chimique plaident toutes pour une origine naturelle. Autrement dit, pas d’extraterrestres cette fois — mais un fragment d’un monde lointain, propulsé dans le vide interstellaire il y a probablement des millions d’années.
Ce survol rapproché de 3I/ATLAS ouvre une fenêtre rare sur la diversité des systèmes planétaires de la galaxie. En combinant les données des sondes martiennes, des télescopes terrestres et spatiaux, les astronomes espèrent affiner leur compréhension de la formation des comètes, mais aussi du processus d’expulsion de ces corps par leur étoile d’origine.
La mission pourrait aussi alimenter les réflexions sur les origines de la vie. Certains scientifiques estiment en effet que les comètes interstellaires pourraient transporter des molécules organiques complexes, voire semer les “graines” de la vie sur les planètes qu’elles croisent.
La détection de 3I/ATLAS démontre l’efficacité croissante de nos systèmes de surveillance spatiale. À l’avenir, les scientifiques espèrent intercepter d’autres visiteurs interstellaires à temps pour les observer de plus près, voire pour envisager une mission d’interception robotisée.
Ce rêve, jadis réservé aux pages d’Asimov ou de Clarke, semble aujourd’hui à portée de fusée. Car si 3I/ATLAS nous rappelle que nous ne sommes qu’un caillou parmi d’autres dans le grand vide, il nous rappelle aussi que ce vide est plein de promesses à explorer.
ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION
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