Dévoilée au Zurich Film Festival, la première actrice générée par intelligence artificielle attire déjà l’intérêt des agences mais provoque un tollé chez les professionnels du cinéma, inquiets pour l’avenir des comédiens humains.
Par @sahbymehalla
Tilly Norwood est la première actrice générée par intelligence artificielle, créée par Xicoia, un studio de talents IA récemment lancé par Eline Van der Velden. Tilly Norwood/Instagram
L’intelligence artificielle s’invite une nouvelle fois au cœur d’un débat brûlant, celui de la création artistique et de l’avenir du cinéma. La révélation de Tilly Norwood, présentée comme la première « actrice » générée par IA, secoue l’industrie et alimente une controverse mondiale.
Développée par le studio Xicoia, filiale de la société Particle6 dirigée par l’actrice et productrice Eline Van der Velden, Tilly Norwood a fait son entrée en grande pompe au Zurich Film Festival, lors du sommet de l’industrie (Zurich Summit). Son ambition est claire, devenir une star « du TikTok au grand écran », à l’image d’icônes comme Scarlett Johansson ou Natalie Portman. Van der Velden affirme que plusieurs agences artistiques seraient déjà intéressées par sa représentation.
Tilly a déjà « joué » dans un sketch intitulé AI Commissioner, preuve que son image peut être intégrée à des formats courts comme à des productions plus ambitieuses. Mais cette percée n’a rien d’anodin, elle arrive dans un contexte où Hollywood sort tout juste de longues grèves liées à l’usage de l’IA dans les scénarios et la reproduction numérique des acteurs.
L’annonce a immédiatement provoqué une vague de critiques. L’actrice Melissa Barrera a appelé ses collègues à quitter toute agence qui accepterait de représenter Tilly. L’autrice et actrice Mara Wilson s’est inquiétée des implications éthiques, évoquant le fait que « des centaines de visages de jeunes femmes réelles » auraient pu servir à sa création. Quant au Britannique Ralph Ineson, il a simplement lâché un cinglant « fuck off » en réaction.
Sous la pression, Eline Van der Velden a tenté de rassurer, selon elle, Tilly ne remplacera pas les acteurs humains, mais doit être vue comme une œuvre créative, au même titre que l’animation ou les effets spéciaux. Une déclaration qui n’a pas suffi à calmer les inquiétudes.
La controverse dépasse le simple cas Tilly Norwood, elle reflète la crainte grandissante d’une industrie déjà fragilisée par la pandémie, la montée en puissance des plateformes de streaming et les usages de plus en plus massifs de l’IA. Pour les syndicats d’acteurs, cette « actrice virtuelle » incarne le risque de voir des visages, des voix et des performances humaines remplacés par des algorithmes, avec un impact direct sur l’emploi et sur la valeur artistique du cinéma.
L’arrivée de Tilly Norwood ouvre une brèche qui promet de s’élargir. L’IA deviendra-t-elle un simple outil créatif au service des réalisateurs, ou la prochaine star de Hollywood, capable de capter des contrats et des rôles autrefois réservés aux comédiens en chair et en os ?
Pour l’heure, une chose est sûre, le monde du cinéma n’a pas fini de débattre de cette actrice qui, sans jamais exister, fait déjà beaucoup de bruit.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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