Google veut propulser l’IA dans l’espace avec ses futurs data-centers solaires orbitaux

Publié le 1 décembre 2025 à 12:49

Avec son projet "Suncatcher", Google annonce une révolution dans le cloud computing : des data-centers alimentés par le soleil… depuis l’espace. Premiers lancements prévus dès 2027.

Par @sahbymehalla

Google veut propulser l’IA dans l’espace avec ses futurs data-centers solaires orbitaux

Le PDG de Google, Sundar Pichai, a déclaré que le prochain « moonshot » de l’entreprise serait des data-centers spatiaux. Justin Sullivan/Getty

 

L’information a d’abord semblé relever de la science-fiction. Mais Sundar Pichai, PDG de Google, l’a confirmée en novembre 2025, l’entreprise prévoit de déployer des data-centers dans l’espace, alimentés directement par l’énergie solaire, dès 2027. Baptisé Project Suncatcher, ce programme inédit entend réduire drastiquement l’empreinte carbone de l’IA, tout en préparant une nouvelle génération d’infrastructures informatiques.

Selon Business Insider, l’objectif affiché est simple, relocaliser une partie du calcul intensif nécessaire à l’IA générative en dehors de la Terre, dans un environnement où l’énergie est inépuisable et où la dissipation thermique peut être mieux maîtrisée – du moins en théorie. Les premiers prototypes seront lancés en partenariat avec Planet Labs, société spécialisée dans les satellites d’observation.

Au cœur de ce dispositif, les TPU (Tensor Processing Units), puces conçues par Google pour accélérer le traitement des modèles d’IA. Ces unités seront intégrées dans des satellites de nouvelle génération, connectés entre eux par des faisceaux optiques laser, créant une véritable constellation de calcul distribuée au-dessus de nos têtes.

L’entreprise ambitionne de créer des réseaux de centaines de modules en orbite basse, capables de travailler de concert pour répondre à la demande croissante en puissance de traitement. Les plans dévoilés évoquent même des réseaux de 81 satellites interconnectés sur plus d’un kilomètre, formant des “data farms célestes”.

Un virage stratégique pour Google – et pour l’environnement

Avec Suncatcher, Google ne se contente pas de repousser les limites de l’ingénierie spatiale. Il cherche aussi à répondre aux critiques croissantes sur l’impact environnemental de l’IA, qui nécessite des quantités d’énergie colossales. Selon une étude relayée par Nature, certains modèles d’IA consommeraient plus d’électricité en phase d’entraînement qu’une centaine de foyers en un an.

Or, dans l’espace, l’énergie solaire est huit fois plus efficace qu’au sol, et surtout, elle ne nécessite pas de refroidissement actif à base d’eau — une ressource que les data-centers terrestres pompent à des rythmes inquiétants. Le vide spatial offre une alternative naturelle aux systèmes de climatisation énergivores.

Le projet reste cependant à ses débuts. Comme le souligne Ars Technica, de nombreux obstacles technologiques restent à franchir, résistance des composants aux radiations, gestion des débris spatiaux, fiabilité des communications inter-satellites, maintenance… Et bien sûr, le coût. Même à l’heure où SpaceX démocratise les lancements, envoyer des infrastructures de calcul dans l’espace reste un pari audacieux.

Mais pour Sundar Pichai, il s’agit d’un investissement stratégique. Dans une ère dominée par l’IA, ceux qui maîtriseront l’énergie et les capacités de calcul en conditions extrêmes tiendront la clé du futur numérique.

Une tendance qui dépasse Google ?

Google n’est pas seul à explorer l’idée. OpenAI, Amazon et même Tesla ont laissé entendre qu’ils étudiaient aussi des solutions spatiales ou sous-marines pour héberger leurs futurs centres de données. L’informatique semble vouloir s’extraire des contraintes terrestres, entre cloud orbital et datacenters aquatiques. Le message est clair, la Terre devient trop petite — ou trop fragile — pour héberger les ambitions numériques des géants technologiques.

Avec Project Suncatcher, Google réinvente non seulement l’infrastructure cloud, mais aussi notre rapport à l’environnement numérique. À l’heure où chaque requête, chaque image générée par une IA, consomme une part d’énergie fossile, cette initiative pourrait ouvrir une voie plus durable — si elle surmonte ses nombreux défis techniques.

Reste à voir si l’humanité, déjà dépendante de l’informatique omniprésente, acceptera de déléguer ses données à des serveurs flottants dans le vide cosmique. Car si l’espace est silencieux, les enjeux autour de sa conquête ne le sont plus du tout.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.