Le géant du streaming Netflix a officiellement formulé une offre majoritairement en numéraire pour acquérir Warner Bros. Discovery. Une manœuvre audacieuse qui pourrait redéfinir les équilibres d’Hollywood.
Par @sahbymehalla
Netflix a présenté une offre majoritairement en numéraire pour Warner Bros. Discovery lors du second tour d’enchères. Getty Images
La nouvelle fait trembler les piliers du cinéma et de la télévision. D’après une information révélée par Bloomberg et confirmée par plusieurs médias américains ce lundi 1er décembre 2025, Netflix aurait soumis une offre principalement en cash pour acquérir Warner Bros. Discovery (WBD), le conglomérat derrière HBO, CNN, Discovery Channel ou encore les franchises DC Comics.
Cette initiative marque un tournant majeur dans la stratégie de Netflix, longtemps réputé pour privilégier la croissance organique plutôt que les acquisitions massives. Pourtant, en pleine guerre du streaming et dans un contexte de rationalisation des contenus, le leader mondial semble vouloir passer à l’offensive en intégrant une des plus anciennes majors hollywoodiennes à son empire numérique.
Selon les sources proches du dossier citées par Bloomberg et Fortune, Netflix ferait partie des rares acteurs encore en lice dans la seconde phase d’enchères. Le montant de l’offre reste confidentiel, mais certains analystes évoquent un chiffre supérieur à 70 milliards de dollars – un montant colossal qui soulève autant d’espoirs que d’inquiétudes.
Pourquoi une telle offre maintenant ? Le groupe Warner Bros. Discovery, issu de la fusion en 2022 entre WarnerMedia et Discovery Inc., croule sous une dette estimée à plus de 40 milliards de dollars, issue en grande partie de cette même opération de fusion. Alors que son PDG David Zaslav a multiplié les coupes budgétaires, les annulations de projets et les ventes d’actifs ces derniers mois, la vente globale du groupe n’est plus taboue.
Netflix, de son côté, pourrait profiter de l’occasion pour acquérir non seulement un immense catalogue de contenus (Harry Potter, Game of Thrones, Friends…) mais aussi les infrastructures de production, les licences et les talents de WBD. Un gain triple qui permettrait au géant du streaming de mieux résister face à la montée de Disney+, Amazon Prime et YouTube Premium.
Mais cette possible acquisition n’est pas sans provoquer de remous. À Wall Street comme dans les studios californiens, les inquiétudes sur la concentration du pouvoir médiatique se multiplient. La Commission fédérale du commerce (FTC) pourrait examiner de très près cette fusion, surtout après les tensions suscitées par les rachats successifs de Paramount par Skydance et des chaînes sportives par Apple.
De nombreux professionnels redoutent un appauvrissement de la diversité des contenus, une centralisation des décisions créatives et une baisse du pouvoir de négociation des talents. Sur les réseaux sociaux, certains internautes ironisent déjà, "Netflix va-t-il annuler HBO après la première saison ?", en référence à la politique d’annulations rapide de la plateforme.
Pour Netflix, ce rachat pourrait signer une mutation décisive de son modèle. Plus seulement une plateforme de streaming, mais un studio tentaculaire capable de produire, distribuer et archiver des contenus sur tous les formats, de la VOD au cinéma en passant par le câble.
Ce serait aussi un clin d’œil à l’histoire, Warner Bros., fondé en 1923, fêtera ses 103 ans en 2026. Le voir passer sous pavillon Netflix, l’un des symboles du XXIe siècle numérique, serait un acte hautement symbolique – et possiblement le signe que l’âge d’or d’Hollywood est bel et bien en train de changer de main.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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