Des « cafés poubelle » échangent 1 kg de déchets plastiques contre un repas chaud. Une initiative qui lutte à la fois contre la précarité et la pollution.
Par @radiosiskofm
Et si les déchets plastiques devenaient une monnaie d’échange ? C’est l’idée originale et solidaire qui se développe en Inde à travers des « garbage cafés » — littéralement des « cafés poubelle ». Leur principe est simple, apporter du plastique collecté dans la rue permet de repartir avec un repas chaud. Une initiative qui lutte à la fois contre la pollution et la précarité, et qui séduit de plus en plus de municipalités.
Le concept a vu le jour dans la ville d’Ambikapur, dans l’État du Chhattisgarh. Là-bas, le café municipal propose un repas complet contre un kilo de plastique, ou un petit-déjeuner contre 500 grammes. L’idée est de donner aux plus démunis une alternative concrète, ramasser ce qui pollue l’environnement pour accéder à la nourriture.
« Nous voulions trouver un moyen d’aider les travailleurs pauvres tout en gardant la ville propre », expliquait un responsable local lors du lancement du projet.
Le plastique collecté est ensuite recyclé, parfois réutilisé pour la construction de routes écologiques, une innovation qui a déjà fait ses preuves en Inde.
Avec près de 26 000 tonnes de déchets plastiques générés chaque jour dans le pays, selon le ministère indien de l’Environnement, la gestion de ces déchets est devenue un défi colossal. Dans le même temps, une partie importante de la population vit sous le seuil de pauvreté et peine à se nourrir quotidiennement.
Les « cafés poubelle » viennent donc répondre à deux urgences en une seule action, donner à manger aux plus vulnérables et réduire la masse de plastique abandonnée dans la nature ou brûlée à ciel ouvert.
Le succès d’Ambikapur a fait des émules. D’autres villes indiennes, comme Delhi ou Bhopal, testent des programmes similaires. Les municipalités y voient un moyen efficace d’impliquer les habitants, notamment les travailleurs informels qui collectent déjà des déchets pour survivre.
« C’est une approche gagnant-gagnant, les rues se nettoient, les habitants mangent à leur faim et le plastique trouve une seconde vie », souligne une enquête publiée sur le blog environnemental Nature Ici Ailleurs.
La question du financement durable de ces repas gratuits reste centrale, tout comme celle des quantités de plastique exigées, parfois élevées — jusqu’à un kilo — qui pourraient décourager certains bénéficiaires.
S’ajoute l’incertitude sur le recyclage effectif et durable des déchets collectés. Face à ces limites, plusieurs associations locales plaident pour des partenariats public–privé et pour une meilleure structuration de la filière, afin que ces cafés ne demeurent pas de simples initiatives isolées mais s’imposent comme un véritable modèle social.
Au-delà de l’Inde, l’idée pourrait inspirer d’autres pays confrontés à la fois à la pauvreté et à la pollution plastique. En liant dignité, environnement et solidarité, ces « cafés poubelle » démontrent qu’une innovation simple peut transformer la vie quotidienne.
À l’heure où l’Inde s’impose comme l’un des plus grands producteurs mondiaux de plastique mais aussi comme un acteur clé de la transition écologique, ces initiatives citoyennes montrent que les solutions peuvent naître au coin de la rue, à partir d’une simple assiette.
ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM
Ajouter un commentaire
Commentaires