La FDA approuve un second générique de la mifépristone. Une décision technique, mais qui déclenche la fureur des groupes anti-avortement et relance la bataille politique sur l’avortement aux États-Unis.
Par @sahbymehalla
La décision de la FDA a exaspéré les militants anti-avortement. Photographie : Charlie Neibergall/AP
Aux États-Unis, l’approbation par la Food and Drug Administration (FDA) d’un nouveau générique de la pilule abortive mifépristone a déclenché une vive polémique. Présentée comme une procédure de routine, cette décision a suscité l’indignation de plusieurs groupes anti-avortement, dont la puissante organisation Students for Life Action, qui y voit une trahison politique et un danger sanitaire.
Une décision technique devenue politique
La FDA a validé la mise sur le marché d’un générique produit par la société Evita Solutions, qui rejoint ainsi GenBioPro, déjà autorisée à commercialiser la mifépristone. Ce médicament est utilisé depuis plus de 20 ans aux États-Unis dans le cadre des interruptions médicamenteuses de grossesse, souvent associé au misoprostol. En théorie, l’approbation d’un générique relève d’une simple formalité administrative, si le produit est identique au médicament de référence, l’agence fédérale doit légalement l’autoriser.
Mais dans un pays où l’avortement reste un sujet explosif depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade en 2022, chaque avancée sur la question devient immédiatement un champ de bataille politique.
La réaction a été immédiate dans les rangs conservateurs. Kristan Hawkins, présidente de Students for Life Action, a dénoncé « une tache sur la présidence Trump » et accusé l’administration d’ignorer « les risques graves pour la santé des femmes ». Selon elle, cette décision va à l’encontre des attentes d’une base électorale républicaine mobilisée contre l’avortement.
D’autres associations anti-avortement citent une étude controversée — non validée par les pairs — qui avance un taux de complications supérieur à 10 %. Une lecture largement contestée par la communauté scientifique, plus de 100 études internationales confirment la sécurité et l’efficacité de la mifépristone, utilisée par des millions de femmes à travers le monde depuis son autorisation.
Au-delà des débats scientifiques, la question de l’avortement médicamenteux est devenue le cœur d’une bataille juridique. Plusieurs États conservateurs cherchent à restreindre, voire interdire l’accès à la mifépristone, malgré l’approbation fédérale. Des procès sont en cours, et la Cour suprême pourrait à nouveau être appelée à trancher sur la légalité du médicament.
Pour les défenseurs du droit à l’avortement, l’arrivée d’un nouveau générique est au contraire une victoire d’accès et de santé publique. « Cela garantit aux femmes des alternatives abordables et renforce la sécurité d’approvisionnement face aux pressions politiques », estime un porte-parole du Center for Reproductive Rights, cité par le Washington Post.
Plus qu’une question pharmaceutique, l’affaire révèle la fracture persistante entre deux Amériques, celle qui revendique la liberté de choix en matière de santé reproductive, et celle qui considère chaque avancée comme une menace morale et politique.
Alors que Donald Trump entame son second mandat à la Maison Blanche, cette controverse illustre un dilemme pour le président républicain, comment ménager sa base conservatrice tout en respectant le cadre réglementaire de la FDA ? Une équation politique qui promet de rester au centre des débats dans les mois à venir.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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