Après son immobilisation au large de Saint-Nazaire, le pétrolier Boracay reprend la mer. Son capitaine chinois doit répondre devant la justice française pour « refus d’obtempérer », tandis que Moscou dénonce une « piraterie ».
Par @sahbymehalla
Des soldats se tiennent sur le pont du pétrolier Boracay, qui appartiendrait à la « flotte fantôme » russe, jeudi 2 octobre 2025, au large de Saint-Nazaire, sur la côte atlantique française. (AP Photo/Mathieu Pattier)
Après plusieurs jours d’immobilisation au large de Saint-Nazaire, le pétrolier Boracay, suspecté d’appartenir à la « flotte fantôme » russe, a repris sa route. Mais l’affaire est loin d’être close, son capitaine, de nationalité chinoise, sera prochainement jugé par le tribunal maritime de Brest pour « refus d’obtempérer » et « défaut de justification de la nationalité du navire ».
Le navire, long de 244 mètres, avait été intercepté fin septembre par la Marine nationale alors qu’il naviguait sans répondre aux injonctions françaises. Selon les autorités, il faisait partie de la « shadow fleet », ces pétroliers opérant dans l’ombre pour contourner les sanctions imposées à la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine.
L’équipage a d’abord été placé en garde à vue, une mesure prolongée par le parquet de Brest. Le commandant du navire, un ressortissant chinois, est désormais poursuivi pour « refus d’obtempérer » — un délit maritime passible d’un an de prison et de 150 000 euros d’amende selon le code de la marine marchande.
Du côté russe, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le président Vladimir Poutine a qualifié l’interception de « piraterie » et dénoncé une tentative de Paris de détourner l’attention de ses problèmes intérieurs. Moscou accuse la France d’instrumentaliser le droit maritime pour affaiblir l’économie russe.
Une flotte fantôme dans le viseur européen
Ce n’est pas la première fois que des pétroliers suspects sont arraisonnés. Depuis 2022, les Européens et le G7 traquent activement ces navires dits « fantômes », souvent enregistrés sous pavillons de complaisance, pourchassés pour leurs cargaisons de pétrole russe transportées discrètement vers l’Asie et le Moyen-Orient.
Le Boracay a finalement repris sa route en direction du canal de Suez, mais son dossier reste symbolique, celui d’un bras de fer entre la Russie et l’Europe, où le droit maritime sert de terrain d’affrontement indirect.
Le procès du capitaine chinois devant le tribunal de Brest devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. Les juristes attendent de voir si ce cas fera jurisprudence et renforcera la politique française de contrôle des mers face aux navires liés à Moscou.
Cet épisode illustre bien comment les océans deviennent un nouveau champ de bataille géopolitique. L’affaire du Boracay est à la fois une question de droit maritime, de sanctions économiques et de rivalité diplomatique.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
Ajouter un commentaire
Commentaires