Poutine dénonce une « piraterie » après l’interception française d’un navire russe au large de Saint-Nazaire

Publié le 3 octobre 2025 à 11:04

Le président russe dénonce l’arraisonnement d’un pétrolier de la flotte fantôme par la France, y voyant une manœuvre pour détourner l’attention des problèmes intérieurs, tandis que Paris défend une opération contre le contournement des sanctions.

Par @sahbymehalla

Poutine dénonce une « piraterie » après l’interception française d’un navire russe au large de Saint-Nazaire

Le pétrolier Boracay, qui appartiendrait à la soi-disant « flotte fantôme » de la Russie, est aperçu jeudi 2 octobre 2025 au large de Saint-Nazaire, sur la côte atlantique française. (AP Photo/Mathieu Pattier)

 

L’affaire du pétrolier de la « flotte fantôme russe » arraisonné par la marine française continue de provoquer de vives réactions. Jeudi, Vladimir Poutine a qualifié l’opération de « piraterie », accusant Paris de chercher à détourner l’attention de ses problèmes intérieurs.

Le navire, suspecté de transporter du brut russe en contournant les sanctions européennes, avait été intercepté au large de Saint-Nazaire, dans l’Atlantique. Selon les autorités françaises, cette saisie s’inscrit dans une coopération internationale visant à enrayer les circuits opaques de la « shadow fleet » russe, une flotte de pétroliers opérant sous pavillons de complaisance pour échapper aux contrôles. Emmanuel Macron a salué une « action décisive », soulignant la nécessité d’une « vigilance constante » face aux stratégies de contournement de Moscou.

À Moscou, la riposte verbale n’a pas tardé. « C’est de la piraterie pure et simple », a lancé Vladimir Poutine, dénonçant une « manœuvre politique » destinée, selon lui, à détourner l’opinion publique française de ses difficultés économiques et sociales. Le Kremlin affirme ne pas pouvoir confirmer l’appartenance du navire aux intérêts russes, mais parle d’une « provocation occidentale ».

L’épisode illustre la montée en puissance du bras de fer autour des exportations énergétiques russes. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne et le G7 tentent de réduire la dépendance au pétrole russe en imposant des sanctions, notamment un plafonnement du prix du baril. Moscou, de son côté, a réorganisé ses routes maritimes et s’appuie sur une « flotte fantôme » estimée à plusieurs centaines de navires, souvent vieillissants, opérant hors radars réglementaires.

L’arraisonnement du pétrolier, suivi de sa mise sous séquestre judiciaire, marque une première pour la France et ouvre la voie à d’éventuelles poursuites contre son équipage. Le procès du capitaine, déjà annoncé, pourrait devenir un test symbolique de la fermeté européenne face aux réseaux opaques qui alimentent encore l’économie de guerre russe.

Au-delà du dossier énergétique, cette confrontation révèle un affrontement narratif. Paris insiste sur une « action de souveraineté et de droit maritime », tandis que Moscou martèle le discours d’une « guerre économique illégale » menée par l’Occident. Dans ce climat tendu, chaque navire arraisonné devient un champ de bataille diplomatique.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.