Le service de renseignement intérieur britannique, MI5, met en garde contre une tentative d’infiltration numérique menée par des agents chinois sur LinkedIn. Objectif ? recruter des parlementaires et collecter des données sensibles.
Par @sahbymehalla
Photo : AP News
Ce lundi 18 novembre 2025, le MI5 a déclenché une alerte d’espionnage sans précédent, adressée à l’ensemble des parlementaires et membres du personnel politique du Royaume-Uni. L’agence de renseignement intérieur accuse les services de sécurité chinois — notamment le Ministère de la Sécurité d’État (MSS) — d’avoir orchestré une vaste campagne de manipulation numérique sur LinkedIn pour cibler des personnalités politiques britanniques. Cette opération discrète visait à établir des connexions de confiance à long terme dans l’espoir de recruter des informateurs.
Selon les informations communiquées par l’agence et relayées par Reuters et AP News, plusieurs acteurs opérant sous de fausses identités ou via des cabinets de recrutement ont été identifiés. Parmi eux, une certaine Amanda Qiu, prétendue chasseuse de têtes pour « BR-YR Executive Search », et une dénommée Shirly Shen, associée à une plateforme de stages nommée « Internship Union ». Ces individus auraient approché à répétition des députés, des pairs et même des assistants parlementaires via LinkedIn, sous couvert d'opportunités professionnelles alléchantes.
« Ces activités sont conçues pour collecter des informations, influencer et potentiellement recruter des individus dans des positions sensibles », a affirmé un porte-parole du MI5. L’alerte souligne la stratégie d’influence insidieuse employée, cultiver la proximité, initier des échanges professionnels, puis progressivement introduire des demandes ou des comportements plus intrusifs.
Ce n’est pas la première fois que les services britanniques alertent sur les risques d’espionnage par voie numérique. En octobre 2023 déjà, le directeur général de MI5, Ken McCallum, révélait que plus de 20 000 citoyens britanniques — chercheurs, fonctionnaires, employés de la tech — avaient été approchés par des comptes suspects sur LinkedIn. À l’époque, il parlait d’un « démarchage à grande échelle », souvent sous-estimé car non intrusif, mais redoutablement efficace pour collecter des données ou infiltrer des réseaux.
Cette nouvelle alerte a provoqué des remous à Westminster. Le ministre de l’Intérieur, Dan Jarvis, a dénoncé « une ingérence étrangère ciblée et stratégique dans les institutions démocratiques du pays ». Il a appelé à un renforcement de la cybersécurité parlementaire et à une vigilance individuelle accrue sur les plateformes professionnelles.
Les experts en renseignement soulignent que la méthode utilisée par les agents chinois correspond à un modèle hybride mêlant soft power, social engineering et intelligence économique. L’objectif n’est pas forcément l’obtention immédiate de secrets d’État, mais bien la constitution de réseaux d’influence latents — à activer au moment opportun.
Cette affaire rappelle que LinkedIn, souvent perçu comme un outil anodin de réseautage professionnel, est aussi devenu un terrain d’espionnage moderne.
Le MI5 recommande aux élus et collaborateurs de réexaminer leurs connexions, de signaler toute approche suspecte, et de ne jamais partager d’informations sensibles, même dans un contexte apparemment professionnel.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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