À la Maison-Blanche, la visite du président syrien Ahmad al-Sharaa bouleverse les codes diplomatiques

Publié le 11 novembre 2025 à 17:08

Donald Trump a accueilli lundi le président syrien Ahmad al-Sharaa à Washington. Une rencontre historique marquée par un protocole inhabituellement discret, reflet d’un rapprochement aussi inattendu que prudent entre les deux nations.

Par @sahbymehalla

À la Maison-Blanche, la visite du président syrien Ahmad al-Sharaa bouleverse les codes diplomatiques

Donald Trump et Ahmed al-Sharaa ont discuté de la levée des sanctions lors de leur rencontre à la Maison-Blanche. Photo : HOGP / AP

 

C’est une image que peu auraient imaginée il y a encore quelques mois, le président américain Donald Trump serrant la main du dirigeant syrien Ahmad al-Sharaa sur le perron de la Maison-Blanche. Lundi 10 novembre 2025, la scène a eu lieu, mais sans le faste habituel des réceptions d’État. Aucun tapis rouge, aucune fanfare, aucune salve de photographes dans le Bureau ovale. Un accueil volontairement sobre, voire effacé, qui tranche avec la mise en scène habituelle des relations diplomatiques américaines.

Dans un accueil inhabituellement discret, le chef d’État syrien est arrivé par une entrée secondaire, sans escorte officielle ni drapeaux alignés, tandis que les journalistes restaient à distance. Le meeting s’est tenu à huis clos, sans caméras, une première pour une rencontre de ce niveau. Une décision qui, selon un conseiller de la Maison-Blanche cité par ABC News, visait à « préserver la confidentialité d’échanges sensibles ».

Ce déplacement inédit du président syrien intervient après plusieurs mois de signaux d’apaisement entre Washington et Damas. D’après The Guardian, les États-Unis ont annoncé dans la foulée une suspension partielle des sanctions économiques imposées à la Syrie depuis plus d’une décennie, notamment sur le secteur humanitaire.

« Nous voulons aider le peuple syrien à se relever, mais cela n’efface pas le passé », a déclaré Donald Trump devant la presse, évoquant « une conversation franche et constructive ». Côté syrien, Ahmad al-Sharaa a parlé d’« un pas vers la réconciliation », tout en soulignant que la souveraineté de la Syrie « ne se négocie pas ».

Les observateurs notent que l’absence de cérémonie officielle traduit la volonté américaine de garder ses distances. « Ce n’est pas une visite d’État, c’est une rencontre exploratoire », a commenté un ancien diplomate américain interrogé par Reuters. En clair, Washington teste le terrain d’un réchauffement diplomatique sans reconnaître formellement le régime syrien comme un partenaire pleinement réhabilité.

Mais cette prudence n’enlève rien à la portée symbolique du geste. Pour la première fois depuis la guerre civile syrienne, un président syrien franchit le seuil de la Maison-Blanche — une étape que les chancelleries qualifient déjà de « rupture historique ».

Si la Maison-Blanche n’a pas confirmé de suite à cette rencontre, plusieurs analystes y voient le prélude à une nouvelle phase de dialogue sur les enjeux de sécurité régionale et la reconstruction post-conflit. Un retour timide à la table des discussions, dans un Moyen-Orient où les lignes diplomatiques bougent vite, souvent à bas bruit.

La visite d’Ahmad al-Sharaa aura donc marqué les esprits non par sa mise en scène, mais par son silence lourd de sens, celui d’une diplomatie américaine qui, sous le mandat Trump, préfère désormais les gestes calculés aux grandes annonces.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA


Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.