Algérie : le président Tebboune accorde une grâce totale à l’historien Mohamed Amine Belghit

Publié le 16 décembre 2025 à 15:22

Condamné pour avoir nié l’existence de la culture amazighe, l’historien Mohamed Amine Belghit a bénéficié d’une grâce présidentielle totale. Le décret a été signé par le président Abdelmadjid Tebboune, mettant fin à l’exécution de sa peine, selon un communiqué officiel de la présidence algérienne.

Par @lemanifestmedia

Algérie : le président Tebboune accorde une grâce totale à l’historien Mohamed Amine Belghit

Mohamed Amine Belghit. (X @algatedz)

 

L’Algérie a officiellement tourné une page judiciaire sensible. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a signé un décret présidentiel accordant une grâce totale pour le reste de la peine de l’historien Mohamed Amine Belghit, condamné pour des propos controversés niant l’existence de la culture amazighe. L’annonce a été faite lundi 15 décembre par un communiqué officiel de la présidence, relayé par les médias publics algériens.

Selon le communiqué présidentiel cité par Radio Algérie, média d’État, « le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a signé aujourd’hui un décret présidentiel accordant la grâce totale pour le reste de la peine à la personne condamnée définitivement, dénommée Mohamed Amine Belghit » . Cette décision s’inscrit dans le cadre des prérogatives constitutionnelles du chef de l’État, notamment celles relatives au droit de grâce.

Historien et universitaire, Mohamed Amine Belghit avait été condamné en première instance, en juillet dernier, à cinq ans de prison ferme pour des déclarations publiques niant l’existence de la culture amazighe, reconnue pourtant comme composante fondamentale de l’identité nationale algérienne par la Constitution. En appel, la justice avait réduit la peine à trois ans d’emprisonnement, dont deux assortis de sursis, rendant la condamnation définitive avant l’intervention présidentielle.

La grâce accordée met donc fin à l’exécution de la peine restante, sans pour autant annuler la condamnation judiciaire. Juridiquement, il s’agit d’un acte de clémence et non d’une réhabilitation. La distinction est importante, la décision présidentielle n’efface pas les faits reprochés ni le jugement, mais suspend les effets pénaux de la condamnation, conformément au droit algérien.

Cette mesure intervient dans un contexte politique et sociétal marqué par une attention accrue aux questions identitaires et mémorielles en Algérie. La reconnaissance constitutionnelle de tamazight comme langue nationale et officielle reste un pilier sensible du débat public, et l’affaire Belghit avait suscité de vives réactions, tant chez les défenseurs de la diversité culturelle que parmi les partisans d’une lecture plus centralisée de l’histoire nationale.

La présidence algérienne n’a pas fourni de justification détaillée à cette grâce, une pratique courante dans ce type de décision. Selon les usages institutionnels, le décret a été pris après consultation des instances compétentes, notamment le Conseil supérieur de la magistrature, comme le prévoit la Constitution.

À court terme, cette décision pourrait contribuer à apaiser les tensions autour de ce dossier emblématique. À plus long terme, elle relance néanmoins le débat sur les limites de la liberté d’expression académique, le rôle de l’État dans l’arbitrage mémoriel et la place des identités culturelles dans le récit national algérien. 

Une chose est certaine, en graciant Mohamed Amine Belghit, le pouvoir exécutif a envoyé un signal politique fort, à la fois juridique et symbolique.

 

ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION

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