Google veut deviner l’âge de vos enfants grâce à l’IA : entre protection et surveillance algorithmique

Publié le 31 juillet 2025 à 19:03

Dès août 2025, Google utilisera une intelligence artificielle pour estimer l’âge réel de ses utilisateurs, afin de protéger les mineurs. Une avancée technologique… mais pas sans inquiétudes.

Par @sahbymehalla

Google veut deviner l’âge de vos enfants grâce à l’IA : entre protection et surveillance algorithmique

Google franchit un nouveau cap dans sa politique de « protection des jeunes en ligne », à partir du 13 août 2025, une intelligence artificielle estimera automatiquement l’âge des utilisateurs aux États-Unis, notamment sur YouTube. Objectif affiché : détecter les adolescents et enfants qui naviguent sans avoir indiqué leur vrai âge, pour leur appliquer des mesures de sécurité renforcées. Mais cette nouvelle stratégie algorithmique soulève des interrogations profondes sur la vie privée et les limites du profilage numérique.

L’algorithme déployé par Google ne s’appuie pas uniquement sur la date de naissance renseignée lors de l’inscription. Il utilise une combinaison de signaux comportementaux (historique de navigation, types de vidéos regardées, ancienneté du compte, etc.) pour déduire l’âge probable d’un internaute. Une fois étiqueté comme mineur, l’utilisateur se voit automatiquement attribuer des paramètres de protection :

  • désactivation des publicités ciblées,
  • activation du SafeSearch dans les résultats de recherche,
  • contrôle renforcé des contenus sur YouTube,
  • désactivation de certaines fonctionnalités sur Google Maps ou le Play Store.

Pour contester ce classement, il faudra vérifier son identité via carte d’identité, selfie ou carte bancaire. Un système déjà en place au Royaume-Uni.

Cette initiative ne tombe pas du ciel. Elle répond aux exigences croissantes des législations mondiales sur la protection des mineurs en ligne. Le Royaume-Uni, par exemple, impose depuis 2023 un contrôle de l’âge sur les plateformes en ligne avec son Online Safety Act. L’Australie suit la même voie. Et plusieurs États américains renforcent leurs lois en matière de vie privée numérique chez les jeunes.

Google anticipe ainsi une série de régulations, tout en présentant cette évolution comme une démarche éthique et responsable.

Malgré les objectifs affichés, cette décision alimente de nombreuses critiques. De nombreux experts s’inquiètent de voir une intelligence artificielle classer des millions d’utilisateurs sans leur consentement explicite, sur la base d’un comportement interprété par un algorithme.

Le média BGR parle d’un système « terrifiant », tandis que des chercheurs en cybersécurité alertent sur les biais possibles de ces technologies et le manque de transparence sur les critères d’analyse.

Plusieurs associations de défense des droits numériques redoutent une généralisation de la surveillance algorithmique, sous couvert de bonnes intentions. Le simple fait de naviguer sur YouTube ou d’utiliser Google Maps pourrait ainsi vous cataloguer… à votre insu.

Si l’intention de Google est louable – limiter l’exposition des mineurs à des contenus ou publicités inadaptés – le moyen utilisé pose de vraies questions éthiques. Jusqu’où les géants du web peuvent-ils profiler nos usages ? Peut-on vraiment accepter qu’une IA décide de notre âge, nos droits ou nos accès en ligne ?

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

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