Mastercard et Riot Games : quand le sponsoring flirte avec la censure

Publié le 25 août 2025 à 15:45

Mastercard aurait demandé à Riot Games de censurer les critiques dans les chats e-sport, relançant le débat sur l’influence des sponsors et la liberté d’expression dans le jeu vidéo.

Par @radiosiskofm

Mastercard et Riot Games : quand le sponsoring flirte avec la censure

Depuis quelques jours, une polémique secoue le monde de l’e-sport. Selon plusieurs révélations médiatiques, Mastercard, sponsor majeur des compétitions de Riot Games, aurait demandé à l’éditeur de League of Legends et Valorant de surveiller et supprimer les commentaires critiques à son égard dans les chats en direct des tournois. Une décision qui relance le débat sur l’influence des grandes marques dans l’écosystème vidéoludique et sur les limites de la liberté d’expression en ligne.

Mastercard n’est pas un acteur secondaire dans l’univers du jeu compétitif. Depuis 2018, la multinationale est le partenaire officiel des plus grands tournois de Riot Games, dont le prestigieux Valorant Champions Tour (VCT). À ce titre, sa visibilité est considérable, cartes bancaires brandées, campagnes marketing dédiées, animations sponsorisées pendant les retransmissions.

Mais selon Esports Illustrated, Mastercard aurait franchi une étape inédite. La société aurait demandé à Riot Games et à ses diffuseurs officiels de signaler, surveiller et faire disparaître les commentaires négatifs concernant son image lors des diffusions live.

Riot Games aurait obtempéré. Lors de la VCT Americas Stage 2 du 8 août 2025, les chats sur Twitch et YouTube ont été placés en mode restreint (“followers only” ou “subscribers only”), tandis que les messages mentionnant la carte Mastercard auraient été automatiquement supprimés. Certains spectateurs ont même affirmé avoir été temporairement exclus du chat après avoir critiqué la marque.

Cette situation a été confirmée par plusieurs médias spécialisés, dont NotebookCheck, qui évoquent des consignes de modération claires, imposées par le sponsor et appliquées par Riot Games.

Au-delà du simple cadre du jeu compétitif, la polémique renvoie à un enjeu plus large, la place des marques dans la régulation de la parole en ligne. Déjà accusées d’avoir poussé Steam et Itch.io à retirer des milliers de jeux indépendants jugés “non sécuritaires au travail” (NSFW), Mastercard et Visa sont désormais accusées d’aller plus loin, en cherchant à contrôler l’image de la marque jusque dans les discussions spontanées des spectateurs.

Pour de nombreux joueurs et commentateurs, le problème n’est plus seulement celui de la censure de certains jeux, mais celui d’une atteinte à la liberté d’expression elle-même. “Ce n’est pas juste une question de gaming, c’est une question de qui contrôle la conversation”, résume un utilisateur sur la plateforme Lemmy.

Vers une normalisation de la censure sponsorisée ?

La question reste ouverte, Riot Games pouvait-elle se permettre de contrarier son sponsor financier le plus important ? Probablement pas, si l’on considère les coûts colossaux d’organisation d’événements e-sport mondiaux. Mais cette dépendance financière souligne un paradoxe, l’e-sport, perçu comme un espace de créativité et d’expression communautaire, risque de devenir un terrain de communication sous contrôle des annonceurs.

La polémique tombe à un moment charnière pour l’industrie. Alors que les compétitions e-sport attirent des millions de spectateurs et génèrent des contrats de sponsoring équivalents à ceux du sport traditionnel, la question du pouvoir réel des marques devient incontournable.

L’affaire Mastercard/Riot Games pourrait bien servir de cas d’école. Jusqu’où les sponsors doivent-ils avoir leur mot à dire sur les communautés en ligne ? Les éditeurs de jeux sont-ils condamnés à suivre la logique financière au détriment des libertés numériques ?

Une chose est sûre, dans un secteur où l’authenticité et la voix des joueurs sont centrales, chaque tentative de contrôle de la parole risque de se transformer en effet boomerang. Et si le jeu vidéo reste un espace de passion, il pourrait bien devenir aussi un champ de bataille pour la liberté d’expression numérique.

 

ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM 

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