Des chercheurs ont créé une bactérie modifiée capable de dégrader l’oxalate, la molécule responsable des calculs rénaux. Résultats prometteurs sur l’homme et l’animal, mais encore sous surveillance avant une vraie révolution médicale.
Par @radiosiskofm
Un pas décisif vient d’être franchi dans la lutte contre les calculs rénaux. Une équipe internationale de chercheurs a mis au point une bactérie génétiquement modifiée capable de dégrader l’oxalate, molécule responsable de la formation de ces cristaux douloureux. Les premiers essais, menés à la fois sur des animaux et sur des volontaires humains, laissent entrevoir un avenir où la prévention des calculs passerait par la modulation du microbiote intestinal plutôt que par les seules solutions médicamenteuses ou chirurgicales.
Les chercheurs, dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue Science (Whitaker et al., 2025), ont modifié la bactérie intestinale Phocaeicola vulgatus en y introduisant un ensemble de gènes permettant de dégrader l’oxalate. Pour éviter une colonisation incontrôlée de l’intestin, ils ont ajouté un système ingénieux, la survie de cette bactérie dépend d’un prébiotique rare, le porphyrane, présent dans certaines algues. Résultat ? l’administration de porphyrane “active” la colonisation, et son retrait permet de la faire régresser, offrant ainsi un contrôle inédit.
Les tests précliniques sur des rats souffrant d’hyperoxalurie – une pathologie caractérisée par un excès d’oxalate – ont montré une réduction significative de l’oxalate urinaire, allant jusqu’à près de 50 % selon MedicalXpress. Des volontaires sains ayant participé à un essai de phase 1/2a ont, eux aussi, présenté une diminution mesurable. Cependant, les patients déjà opérés de l’intestin, comme ceux ayant subi un bypass gastrique, ont montré des réponses plus modestes, sans doute en raison de la complexité de leur microbiote perturbé.
Si les perspectives sont enthousiasmantes, les scientifiques restent prudents. Des transferts de gènes entre la bactérie modifiée et d’autres espèces intestinales ont été observés, ce qui pourrait à terme réduire l’efficacité du traitement ou poser des problèmes de sécurité. L’acceptation de ce type de thérapie par le public, la réglementation autour des organismes génétiquement modifiés, ainsi que les coûts de développement et de distribution constituent également des obstacles non négligeables.
Au-delà des calculs rénaux, cette avancée ouvre une voie totalement nouvelle, celle de la thérapie microbienne de précision.
Contrôler l’activité du microbiome grâce à des bactéries programmées pourrait permettre, à terme, de produire des vitamines, des molécules anti-inflammatoires ou même des traitements sur mesure adaptés à chaque patient.
Les calculs rénaux touchent environ 10 % de la population mondiale au cours de la vie. Face à ce fléau récurrent et douloureux, l’espoir d’une alternative naturelle et ciblée suscite un réel engouement. Si les prochains essais cliniques confirment les premiers résultats, cette bactérie modifiée pourrait bien devenir une arme thérapeutique révolutionnaire.
Reste une question, sommes-nous prêts à avaler une “capsule vivante” comme médicament de demain ?
ÉCRIT PAR : RADIO SISKO FM
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