OpenAI lance Sora 2 : quand l’intelligence artificielle transforme TikTok en usine à deepfakes

Publié le 2 octobre 2025 à 13:05

Avec son nouveau modèle vidéo-audio, OpenAI lance une appli sociale façon TikTok, où chacun peut générer des vidéos hyper-réalistes par IA. Une innovation qui fascine autant qu’elle inquiète.

Par @sahbymehalla

OpenAI lance Sora 2 : quand l’intelligence artificielle transforme TikTok en usine à deepfakes

L’intelligence artificielle s’invite une nouvelle fois dans la sphère sociale avec un projet qui inquiète autant qu’il fascine. OpenAI vient d’annoncer Sora 2, une évolution majeure de son modèle de génération vidéo et audio, désormais intégré à une application sociale qui rappelle fortement TikTok. Sa promesse ? Offrir à chacun la possibilité de créer en quelques secondes des vidéos réalistes, avec visages, voix et effets sonores générés par IA. Pour les uns, une révolution créative. Pour d’autres, une dérive vers la banalisation des deepfakes.

Selon OpenAI, Sora 2 est un modèle vidéo-audio « flagship », capable de générer des scènes entières avec dialogues synchronisés, bruitages réalistes et effets visuels proches du cinéma. Mais la nouveauté la plus marquante réside dans la déclinaison sociale du projet, une application mobile pensée comme un réseau social vidéo vertical, avec fil de recommandations, likes et remix, à la manière de TikTok.

D’après Wired, l’application permet aux utilisateurs de créer des contenus courts entièrement artificiels, mais interactifs il est possible de « remixer » une vidéo en ajoutant son propre visage ou sa voix, ou même ceux d’amis, via une fonction dite de « cameo ».

Là où des logiciels complexes et coûteux étaient autrefois nécessaires, OpenAI propose désormais une expérience simple, quelques secondes d’enregistrement suffisent pour que l’IA soit capable de générer des vidéos ultra-réalistes d’une personne en train de parler, chanter, ou participer à des scènes inventées.

The Verge souligne que cette capacité revient à « démocratiser les deepfakes » et brouille davantage la frontière entre réel et artificiel, « OpenAI a créé un TikTok pour deepfakes, et il devient de plus en plus difficile de distinguer ce qui est vrai de ce qui est généré ».

Consciente des dérives possibles, l’entreprise assure avoir mis en place des limites techniques. Impossible, par exemple, de générer des vidéos explicites ou d’imiter une personnalité publique sans son consentement. Chaque création serait marquée par des métadonnées et des filigranes invisibles pour signaler qu’elle est produite par IA.

Pourtant, de nombreux spécialistes s’inquiètent. D’abord parce qu’OpenAI prévoit d’autoriser par défaut l’utilisation de contenus soumis aux droits d’auteur, à moins que les titulaires ne fassent la démarche de s’y opposer, une inversion de logique critiquée par Reuters. Ensuite parce que la possibilité de générer des vidéos réalistes d’individus ordinaires – collègues, camarades de classe, proches – pourrait ouvrir la voie au cyberharcèlement et à la désinformation.

En rendant accessibles au grand public des outils autrefois réservés aux studios de cinéma ou aux hackers spécialisés, OpenAI ouvre une ère nouvelle où l’authenticité d’une image ou d’une vidéo ne peut plus être tenue pour acquise. Comme l’explique Poynter, ce type d’outil pourrait bouleverser l’information, la politique et même la démocratie, en rendant viral n’importe quel contenu manipulé.

La question n’est donc pas seulement technologique, mais sociétale, comment concilier la créativité débridée promise par Sora 2 avec les impératifs éthiques, juridiques et démocratiques ?

Pour l’instant, OpenAI met en avant une vision optimiste, un outil créatif pour artistes, influenceurs et passionnés de storytelling. Mais à mesure que l’application se rapproche d’un lancement grand public, la méfiance grandit. La banalisation des deepfakes, longtemps perçus comme des artefacts marginaux, pourrait bien devenir une expérience quotidienne pour des millions d’utilisateurs.

Et si demain, scroller un fil de vidéos revenait à naviguer dans un monde où rien n’est vrai… mais tout semble l’être ?

Sora 2 marque une rupture majeure. Une avancée technologique éblouissante, mais aussi un test grandeur nature de notre capacité collective à naviguer dans un monde où la réalité peut être générée à volonté.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA 

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