L’Europe prépare un « mur anti-drones » face à la Russie : inspiration ukrainienne, ambitions continentales

Le commissaire européen à la Défense et à l’Espace, le Lituanien Andrius Kubilius (à droite), et le ministre finlandais de la Défense, Antti Hakkanen, participent à une conférence de presse au ministère de la Défense à Helsinki, en Finlande, le vendredi 26 septembre 2025. (Markku Ulander/Lehtikuva via AP)

L’Union européenne accélère ses efforts pour se doter d’un « mur anti-drones » le long de sa frontière orientale, un projet directement inspiré de l’expérience ukrainienne. Après plusieurs incursions de drones russes dans l’espace aérien du Danemark et de la Pologne ces dernières semaines, le commissaire européen à la Défense a estimé que Moscou « teste » la réactivité de l’UE et de l’OTAN.

Les récents survols de drones russes au-dessus de l’Europe du Nord ont suscité une inquiétude croissante. Le commissaire européen à la Défense, Andrius Kubilius, a déclaré que ces intrusions démontrent la volonté de la Russie de « sonder les défenses » du continent. Selon Reuters, Bruxelles s’apprête à réunir plusieurs ministres de la Défense européens afin d’élaborer une stratégie commune pour bâtir ce « mur anti-drones » le long des frontières avec la Russie et la Biélorussie.

Ce « drone wall » ne prendra pas la forme d’une barrière physique, mais d’un dispositif électronique et militaire combinant plusieurs couches de protection. Selon Defense News, le projet, baptisé Eastern Flank Watch, repose sur trois piliers, la détection (radars, satellites, capteurs acoustiques), le brouillage (systèmes de guerre électronique) et l’interception (missiles, lasers ou brouilleurs à haute énergie).

Inspirée de la stratégie ukrainienne, cette approche vise à neutraliser en amont les drones espions ou kamikazes, de plus en plus utilisés dans le conflit russo-ukrainien. L’Ukraine a déjà déployé un réseau dense de radars et de brouilleurs, capable de détecter un drone à plusieurs kilomètres, et l’UE souhaite reproduire ce modèle à grande échelle.

Selon TF1 Info, ce mur électronique pourrait s’étendre sur près de 3 000 kilomètres, couvrant les frontières terrestres avec la Russie et la Biélorussie. L’objectif est de constituer une « barrière invisible » mais redoutablement efficace, capable de protéger l’espace aérien européen en temps réel.

Ce projet serait également coordonné avec l’OTAN, afin de mutualiser les technologies et renforcer la dissuasion collective.

Pour l’UE, le calendrier est serré. Comme le souligne Le Monde, la volonté est de passer rapidement de la phase conceptuelle à la mise en œuvre opérationnelle, alors que les menaces se multiplient à l’est de l’Europe. Les premières étapes pourraient inclure des tests grandeur nature dès 2026, avec un financement européen partiellement mutualisé et le recours aux industries de défense du continent.

Au-delà de la dimension sécuritaire, ce « mur anti-drones » symbolise l’unité européenne face aux pressions russes. Pour Kubilius, il s’agit autant de défendre les citoyens européens que d’envoyer un signal clair à Moscou, l’Europe n’entend pas rester vulnérable aux attaques hybrides.

« Les Moldaves ont choisi la voie de l’Europe, de la stabilité et de la sécurité », rappelait récemment la présidente Maia Sandu dans un autre contexte électoral. Le « drone wall » s’inscrit dans cette logique, affirmer la souveraineté et la résilience européenne face aux stratégies d’intimidation.

L’Europe veut transformer sa frontière orientale en un bouclier électronique géant, inspiré par les succès ukrainiens. Une entreprise colossale, coûteuse, mais désormais perçue comme indispensable dans un contexte de tensions croissantes avec la Russie.

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA