Contrôleurs aériens sans salaire, retards en série et bras de fer politique, la crise budgétaire américaine s’invite désormais sur le tarmac.
Par @sahbymehalla

Alors que le bras de fer politique autour du “shutdown” du gouvernement américain s’enlise à Washington, c’est désormais sur le tarmac des aéroports que la crise se fait sentir. Contrôleurs aériens et agents de la TSA (Transportation Security Administration), contraints de travailler sans salaire depuis plusieurs jours, tirent la sonnette d’alarme. Les retards s’accumulent, la tension monte, et les deux partis s’accusent mutuellement d’être responsables du chaos.
Selon le Wall Street Journal, la fermeture partielle du gouvernement a provoqué un effet domino dans les tours de contrôle, près de 53 % des retards de vols enregistrés depuis le début d’octobre seraient dus à des problèmes de dotation, contre à peine 5 % en temps normal. Le Secrétaire aux Transports Sean Duffy a confirmé que “des centaines de contrôleurs aériens travaillent aujourd’hui sous pression, parfois sans repos, parfois sans assurance qu’ils seront payés”.
À l’aéroport de Hollywood Burbank (Californie), la tour de contrôle est restée sans personnel pendant plus de cinq heures, les opérations étant gérées à distance depuis San Diego, rapporte People Magazine. Cette situation inédite illustre la fragilité d’un système aérien déjà mis à mal par la pandémie et les réformes budgétaires.
Sur le plan politique, la scène se transforme en terrain de communication. D’un côté, les républicains affirment vouloir “protéger les finances publiques” tout en accusant les démocrates de “crise orchestrée”. De l’autre, la Maison-Blanche dénonce une “prise en otage du pays par les extrémistes budgétaires”. Le shutdown, enclenché après l’échec du vote de financement fédéral, paralyse déjà plusieurs agences, y compris la FAA, responsable du contrôle aérien.
Dans un entretien à Politico, plusieurs responsables syndicaux estiment que la situation pourrait devenir dangereuse si les absences non remplacées se multiplient : « Nous avons des tours de contrôle sous-dotées, des horaires intenables, et des contrôleurs qui tombent malades sans pouvoir être remplacés.»
Cependant, l’Association internationale du transport aérien (IATA) tempère, pour l’instant, “aucune perturbation majeure n’a encore été constatée à l’échelle mondiale”, tout en reconnaissant que “les retards internes américains risquent d’affecter les correspondances internationales si la crise se prolonge”.
Alors que des files d’attente interminables se forment dans les principaux hubs comme Atlanta, Chicago et Dallas, les voyageurs oscillent entre frustration et incompréhension. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #ShutdownDelays est devenu viral, symbole d’un pays paralysé par ses propres divisions.
Pour l’heure, aucune sortie de crise n’est en vue. Et sur les pistes de décollage comme dans les couloirs du Congrès, une même impression domine, celle d’un système à bout de souffle, où même les avions ne peuvent plus échapper à la politique.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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