La Chine renforce ses restrictions à l’exportation des terres rares, ciblant l’industrie de la défense et des semi-conducteurs au nom de la sécurité nationale — un nouveau front dans la guerre technologique mondiale.
Par @sahbymehalla

Des ouvriers utilisent des engins pour creuser dans une mine de terres rares dans le comté de Ganxian, dans la province du Jiangxi, au centre de la Chine, le 30 décembre 2010. (Chinatopix via AP)
La Chine renforce encore son emprise sur le marché mondial des terres rares, en annonçant une nouvelle série de restrictions à l’exportation qui touchent désormais les secteurs stratégiques de la défense et des semi-conducteurs. Une décision à forte portée géopolitique, alors que ces métaux — indispensables à la fabrication des puces électroniques, des radars et des technologies vertes — sont déjà au cœur des rivalités entre Pékin et les puissances occidentales.
Selon Reuters, la mesure étend le champ des contrôles aux technologies d’extraction, de raffinage et de recyclage des terres rares, tout en introduisant une évaluation au cas par cas pour les licences d’exportation. Les entreprises étrangères liées à l’armement ou aux semi-conducteurs devront désormais obtenir des autorisations spéciales, susceptibles d’être refusées au nom de la « sécurité nationale ». Ces nouvelles règles complètent celles imposées en 2023 sur le gallium et le germanium, deux matériaux critiques déjà essentiels à l’industrie des puces.
Le ministère chinois du Commerce justifie cette décision par la nécessité de « protéger les intérêts stratégiques du pays » et de « réguler les exportations à double usage ». Mais dans les faits, cette annonce est perçue comme un nouveau levier de pression dans la guerre économique opposant la Chine aux États-Unis et à leurs alliés, notamment depuis que Washington a imposé plusieurs vagues de sanctions sur les semi-conducteurs destinés à Pékin.
D’après AP News, les nouvelles règles ne concernent pas seulement les matières premières, mais également les technologies dérivées, équipements de traitement, aimants magnétiques et procédés chimiques liés aux terres rares sont désormais inclus dans le périmètre des contrôles. Toute entreprise étrangère souhaitant importer ces produits devra soumettre des informations détaillées sur leur usage final — un processus bureaucratique qui risque de ralentir considérablement les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Pour The Guardian, Pékin assume clairement la dimension politique de cette décision, évoquant des « risques accrus pour la sécurité nationale » et la nécessité de garantir que les ressources chinoises ne soient pas utilisées contre ses propres intérêts militaires. Dans les marchés financiers, la réaction ne s’est pas fait attendre, plusieurs valeurs occidentales spécialisées dans les terres rares, comme MP Materials ou Lynas Rare Earths, ont bondi en bourse selon Investors.com, tandis que les fabricants de semi-conducteurs s’inquiètent déjà de nouvelles pénuries.
Ces mesures marquent un tournant, la Chine qui produit près de 70 % des terres rares mondiales, pourrait désormais se servir de cet avantage stratégique comme d’une véritable arme économique.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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