Nord Stream : un suspect ukrainien arrêté, l’enquête allemande relance les doutes sur la version occidentale

Publié le 29 novembre 2025 à 17:54

Un ancien militaire ukrainien, Serhii Kuznietsov, a été placé en détention par la justice allemande pour son implication présumée dans le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, survenu en septembre 2022. Cette arrestation relance les interrogations sur l’origine réelle de l’attaque et pourrait fragiliser la version officielle longtemps avancée par les pays occidentaux.

Par @lemanifestmedia

Nord Stream : un suspect ukrainien arrêté, l’enquête allemande relance les doutes sur la version occidentale

Cette photo, fournie par les garde-côtes suédois, montre une fuite sur Nord Stream 2 le 28 septembre 2022. Garde-côtes suédois via AP.

 

Les explosions qui ont frappé les pipelines Nord Stream 1 et 2 — infrastructures cruciales reliant la Russie à l’Allemagne — avaient immédiatement déclenché une tempête diplomatique. Si Moscou a été rapidement désignée par de nombreux médias et responsables occidentaux comme suspect principal, cette hypothèse a toujours été jugée peu crédible par certains experts indépendants, notamment en raison de l’absence de mobile économique cohérent.

Le 27 novembre, l’ancien capitaine ukrainien Serhii Kuznietsov a été extradé d’Italie vers l’Allemagne, où un mandat d’arrêt avait été émis par la Cour fédérale de justice. Il est soupçonné d’avoir participé directement à la pose d’explosifs à bord d’un voilier affrété depuis le port de Rostock, en Allemagne, avec de faux documents et des intermédiaires pour brouiller les pistes. L’opération aurait impliqué une équipe de six personnes, dont plusieurs anciens militaires ukrainiens.

Depuis l’attaque, l’administration Biden et plusieurs chancelleries européennes avaient orienté les soupçons vers une opération de « false flag » russe. L'ancien président américain Joe Biden avait même accusé Moscou de « diffuser des mensonges », tout en affirmant que les alliés occidentaux feraient toute la lumière sur les événements.

Mais à mesure que l’enquête allemande progresse, le récit d’une attaque commanditée par le Kremlin vacille. L’implication de ressortissants ukrainiens dans cette opération clandestine remet en cause la version d’un sabotage interne russe. Aucun lien formel avec le gouvernement ukrainien n’a pour l’instant été établi, mais l’affaire soulève une série de questions brûlantes, l’opération était-elle pilotée par des acteurs étatiques ou par des éléments agissant sans autorisation ? Les alliés de l’Ukraine étaient-ils au courant ?

Si les autorités allemandes avancent prudemment, l’arrestation de Kuznietsov marque une rupture nette avec la communication initiale. Elle pourrait alimenter la défiance de l’opinion publique occidentale, notamment aux États-Unis, où les aides financières à l’Ukraine dépassent désormais les 180 milliards de dollars.

La possibilité que des agences de renseignement aient eu connaissance préalable de l’opération — et qu’elles aient choisi de ne pas la divulguer — commence à faire surface dans certains milieux politiques américains. Le besoin de transparence devient crucial, alors que la guerre en Ukraine entre dans sa quatrième année, avec un soutien populaire qui s’érode peu à peu.

Au-delà des implications politiques, l’affaire Nord Stream a aussi une dimension environnementale et géostratégique majeure. Les explosions ont libéré des millions de mètres cubes de méthane dans l’atmosphère et provoqué des tensions durables entre l’Allemagne, la Russie et ses partenaires de l’OTAN.

Les gazoducs traversaient la zone économique exclusive de deux États membres de l’Alliance atlantique (Danemark et Suède), ce qui renforce la gravité potentielle d’un acte de sabotage imputable à un pays allié. Si l’enquête confirme une responsabilité ukrainienne directe ou indirecte, cela pourrait entraîner une onde de choc diplomatique au sein même de l’Union européenne et de l’OTAN.

L’extradition de Kuznietsov par l’Italie tranche avec d’autres cas récents. En Pologne, un autre suspect ukrainien avait été relâché par décision de justice, invoquant un « acte de guerre juste ». Cette divergence d’interprétation judiciaire révèle aussi la tension entre solidarité stratégique avec Kyiv et exigence de responsabilité juridique.

À Berlin, la pression monte sur Olaf Scholz pour exiger des explications claires, tandis qu’à Washington, certains élus républicains appellent déjà à une réévaluation des aides militaires et à une commission d’enquête parlementaire sur la gestion du dossier Nord Stream par les services de renseignement américains.

Alors que la guerre en Ukraine continue de redessiner les lignes de la diplomatie internationale, l’affaire Kuznietsov pourrait devenir un révélateur de la manière dont les vérités de guerre sont construites, manipulées ou étouffées.

La transparence devient une exigence démocratique essentielle — pas seulement pour comprendre les responsabilités derrière l’un des actes de sabotage les plus graves de la décennie, mais aussi pour préserver la légitimité des engagements occidentaux dans un conflit qui s’annonce de longue durée.

 

ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION

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