La Maison-Blanche met en garde : “L’Europe sera méconnaissable dans 20 ans” — une stratégie de sécurité nationale qui rebat les cartes géopolitiques

Publié le 6 décembre 2025 à 09:38

La nouvelle National Security Strategy dévoilée par la Maison-Blanche redéfinit profondément la vision américaine du monde. Selon le document, révélé le 5 décembre, l’Europe serait engagée sur une trajectoire de “déclin civilisationnel” susceptible de rendre le continent “méconnaissable dans vingt ans ou moins”. Une formulation d’une sévérité rarement observée dans un texte stratégique officiel, et qui suscite déjà un vif débat parmi diplomates, analystes et dirigeants européens.

Par @sahbymehalla

La Maison-Blanche met en garde : “L’Europe sera méconnaissable dans 20 ans” — une stratégie de sécurité nationale qui rebat les cartes géopolitiques

Le document expose un changement stratégique majeur opéré par les États-Unis. Photo : AP

 

Selon un document publié par la Maison-Blanche, dévoilé vendredi mais daté de novembre 2025, aucune mention n’est faite du pacte AUKUS entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, pourtant récemment qualifié « d'historique et ambitieux » par un porte-parole du Pentagone.

L’administration Trump y affirme que « la combinaison de la baisse démographique, de l’immigration incontrôlée et de l’érosion des cultures nationales crée une menace existentielle pour la civilisation européenne ». La stratégie considère le Vieux Continent comme « à un tournant décisif susceptible d'altérer sa nature même ».

Le texte, signé par le président Trump, alerte contre une Europe qui « perd sa cohésion interne et son rôle historique dans l’ordre occidental ». Washington établit un lien direct entre fragilités internes, pression migratoire, chute de la natalité et remise en cause des alliances militaires traditionnelles.

Cette vision s’inscrit dans une redéfinition plus large de la politique étrangère américaine. La stratégie réoriente clairement les priorités vers l’hémisphère occidental et l’Indo-Pacifique, tout en rappelant que les États-Unis « n’ont plus vocation à compenser durablement les faiblesses européennes ». Une manière de signaler que le parapluie américain ne sera plus automatique, ni politique ni militaire.

Au-delà du diagnostic, le ton employé est inédit. Le document encourage explicitement les Européens à “cultiver une résistance culturelle” et évoque favorablement la montée des partis “patriotiques” sur le continent. Une intrusion idéologique qui inquiète déjà plusieurs capitales européennes, où l’on voit poindre une possible instrumentalisation politique de cette ligne stratégique.

Sur le fond, cette rupture rhétorique n’est pas anodine. Elle remet en cause des décennies de coopération transatlantique fondée sur une communauté de valeurs. Elle traduit aussi une dynamique plus large, le recentrage américain, déjà amorcé sous les précédentes administrations, mais désormais formulé de manière frontale. Washington laisse entendre qu’une Europe divisée, vieillissante et en perte d’influence pourrait ne plus constituer un pilier fiable de l’ordre international.

Cette situation, selon plusieurs experts interrogés par la presse américaine, pourrait accélérer la réflexion européenne sur la souveraineté stratégique. De la défense commune à l’autonomie énergétique et technologique, l’heure n’est plus au confort institutionnel mais à l’anticipation d’un basculement global.

Un point fait consensus, la publication de cette stratégie marque un tournant. Elle apporte une visibilité brute — parfois dérangeante — sur la manière dont la première puissance mondiale perçoit désormais son partenaire historique. Et avec un horizon de vingt ans évoqué noir sur blanc, la question n’est plus de savoir si l’Europe doit se transformer, mais à quelle vitesse elle est prête à le faire, et dans quelle direction.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

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