Australie : l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans entre en vigueur, une première mondiale qui divise

Publié le 7 décembre 2025 à 12:47

L’Australie met en place une loi inédite interdisant aux moins de 16 ans d’accéder aux réseaux sociaux. Les plateformes comme Meta, TikTok ou Snapchat devront vérifier l’âge des utilisateurs et supprimer les comptes non conformes, sous peine d’amendes pouvant atteindre 49,5 millions de dollars. Une régulation radicale qui suscite autant d’espoirs que de doutes.

Par @sahbymehalla

Australie : l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans entre en vigueur, une première mondiale qui divise

L’Australie s’apprête à réaliser ce que de nombreux gouvernements n’avaient jusque-là jamais osé, bannir nationalement l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 16 ans. Cette mesure, considérée comme l’une des régulations les plus ambitieuses du numérique, découle du Amendement à la loi sur la sécurité en ligne (Âge minimum pour les réseaux sociaux) de 2024 « Online Safety Amendment (Social Media Minimum Age) Act 2024 » , un texte adopté pour contraindre les plateformes à bloquer et supprimer les comptes des adolescents trop jeunes, selon la documentation législative compilée par le Library of Congress.

Selon le régulateur national, l’eSafety Commissioner, la loi entre officiellement en vigueur le 10 décembre 2025, date à partir de laquelle les réseaux sociaux devront mettre en place des mécanismes de vérification de l’âge et désactiver les comptes existants ne respectant pas le seuil légal.

Meta n’a d’ailleurs pas attendu, l’entreprise a déjà commencé à fermer des comptes appartenant à des utilisateurs identifiés comme ayant moins de 16 ans.

L’objectif de Canberra est clair, renverser la logique de responsabilité. Le gouvernement ne souhaite plus que les familles portent seules la charge de la supervision numérique, mais veut obliger les plateformes à appliquer des garde-fous « raisonnables » pour protéger les mineurs.

Ce que prévoit la loi, très concrètement

Les plateformes ciblées incluent Facebook, Instagram, TikTok, X, Snapchat, YouTube, Reddit ou encore Twitch.

La loi impose la désactivation des comptes des moins de 16 ans, l’obligation de mettre en place une vérification d’âge, des amendes pouvant atteindre 49,5 millions de dollars australiens en cas de non-conformité.

Les mineurs et leurs parents, eux, ne risquent aucune sanction. Le gouvernement veut éviter de pénaliser les familles pour des usages difficiles à contrôler.

Certaines plateformes restent toutefois exemptées, les services de messagerie ou les jeux vidéo ne sont pas concernés, d’après les lignes directrices de l’eSafety Commissioner.

De nombreux adolescents cherchent déjà des plateformes alternatives non couvertes par la loi, signe que le bannissement pourrait déplacer plutôt que résoudre le problème.

D’autres observateurs, à l’image de Google, estiment que l’application de contrôles d’âge fiables à grande échelle est extrêmement complexe, voire techniquement impossible, en particulier face à des contournements très simples.

Les défenseurs des droits numériques alertent également sur les risques, marginalisation de jeunes déjà isolés, impact sur le droit d’expression, migration vers des espaces en ligne non régulés et potentiellement plus dangereux.

Dans un reportage publié par The Guardian, plusieurs adolescents témoignent d’un sentiment mêlé d’anxiété et de soulagement, peur de perdre leur principal espace social, mais aussi conscience qu’une pause forcée pourrait réduire la pression sociale permanente imposée par les réseaux.

Ces voix rappellent que, derrière la bataille politique et technologique, il y a une génération entière en pleine construction, souvent déchirée entre le besoin de connexion et la toxicité de certaines dynamiques numériques.

Alors que plusieurs pays européens réfléchissent à des restrictions similaires — en particulier la France, l’Espagne et l’Allemagne — l’Australie devient un laboratoire grandeur nature d’une politique radicale de protection des mineurs.

Le succès ou l’échec de cette mesure pourrait redéfinir la manière dont les démocraties encadrent les géants numériques dans les années à venir.

En attendant, le pays mène l’une des expériences sociales et technologiques les plus audacieuses du moment, un monde où les adolescents devront, au moins temporairement, vivre sans réseaux sociaux. Un changement de paradigme qui pourrait, selon ses partisans, offrir un répit salutaire face à l’hyper-connexion — ou, selon ses détracteurs, pousser une génération entière vers des réseaux encore plus obscurs.

 

ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA

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