Lors d’une conférence conjointe fin novembre 2025, le Premier ministre égyptien a déclaré que le commerce entre Égypte et Algérie, qui avait atteint ~1 milliard en 2024 (+18 % sur l’année), doit passer à 5 milliards dans les prochaines années.
Par @lemanifestmedia
L’Égypte accélère son rapprochement économique avec l’Algérie, une dynamique qui pourrait redessiner les équilibres commerciaux en Afrique du Nord. Les deux pays visent une multiplication par cinq de leur commerce bilatéral pour atteindre 5 milliards de dollars dans les trois à cinq prochaines années, un objectif ambitieux soutenu par une série d’accords stratégiques et de nouvelles infrastructures.
Le Caire et Alger ont signé 18 accords et mémorandums couvrant des secteurs clés tels que l’industrie, l’énergie, l’agriculture, la formation, le numérique et le commerce.
Le Premier ministre égyptien Mostafa Madbouly a fixé un cap clair, faire passer les échanges commerciaux, actuellement autour d’1 milliard dollars, à 5 milliards dollars.
Pour soutenir cette montée en puissance, une ligne maritime directe Alger–Alexandrie a été actée, selon le ministère égyptien du Commerce. Cette route vise à fluidifier la logistique et à réduire drastiquement les délais d’acheminement.
Des secteurs stratégiques en ligne de mire
Les gouvernements misent particulièrement sur l’agro-industrie et la sécurité alimentaire, l’énergie, y compris l’hydrogène vert, l’industrie pharmaceutique, la logistique et les infrastructures portuaires, le numérique et la transformation industrielle.
Cette architecture de synergies traduit une vision, faire de la coopération égypto-algérienne un levier de croissance régionale, mais aussi un bloc économique capable de peser davantage dans les échanges internationaux.
Quel impact sur les relations avec le Maroc ?
La question fait naturellement surface dans un contexte où Rabat cherche, lui aussi, à renforcer ses liens économiques avec Le Caire. Toutefois, selon plusieurs experts en diplomatie économique, ce rapprochement Égypte–Algérie pourrait rééquilibrer les alliances régionales.
Le Maroc, qui a récemment relancé des mécanismes de coopération commerciale avec l’Égypte, devra composer avec une réalité, Le Caire diversifie activement ses partenariats et avance ses propres priorités géostratégiques. Rien n’indique une détérioration automatique des liens maroco-égyptiens, mais le nouveau triangle diplomatique Le Caire–Alger–Rabat pourrait devenir plus complexe à gérer.
Le passage à 5 milliards de dollars de commerce bilatéral n’est pas une formalité. Les deux États partent d’une base « modeste » — autour d’un milliard — et que la réalisation de cet objectif exigera une exécution rapide des projets industriels, une logistique maritime réellement opérationnelle, une stabilité politique régionale, des investissements privés conséquents.
Une recomposition nord-africaine en marche
L’Égypte, puissance démographique et industrielle, cherche aujourd’hui à réaffirmer son rôle dans l’architecture économique régionale. L’Algérie, forte de ses ressources énergétiques, voit dans ce rapprochement une opportunité de diversification. Ensemble, ils affichent une ambition commune, bâtir un corridor économique influent.
Dans ce jeu d’alliances mouvantes, le Maroc observe, calcule et ajuste. La recomposition nord-africaine est en cours — et elle pourrait, à terme, redéfinir les dynamiques commerciales entre les grands acteurs de la région.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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