Les 27 dirigeants de l’UE réunis à Copenhague préparent un « mur anti-drone » pour contrer les incursions de Moscou et protéger l’espace aérien européen.
Par @sahbymehalla
Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen s’adresse aux journalistes à son arrivée pour un sommet informel au Parlement danois, au château de Christiansborg à Copenhague, le mercredi 1ᵉʳ octobre 2025. (Thomas Traasdahl/Ritzau Scanpix via AP)
Les 27 dirigeants de l’Union européenne se sont réunis cette semaine dans la capitale danoise pour faire face à une menace qui ne cesse de prendre de l’ampleur, les incursions de drones russes dans l’espace aérien européen. Loin d’être de simples provocations, ces intrusions traduisent, selon plusieurs experts, une stratégie hybride de Moscou visant à tester la cohésion des Européens, à fatiguer leurs défenses et à brouiller les lignes entre guerre ouverte et provocation calculée.
Depuis plusieurs mois, des drones russes — parfois non armés, parfois difficilement identifiables — franchissent les frontières de pays voisins, comme la Pologne ou les États baltes. Pour le Kremlin, l’objectif est multiple. D’abord, jauger la capacité des radars et des systèmes anti-aériens européens. Mais aussi observer jusqu’où l’OTAN et l’UE sont prêts à aller dans leur riposte sans franchir le seuil d’une escalade militaire. « Moscou cherche à instaurer une zone grise où chaque violation reste trop “minime” pour déclencher une réponse massive, mais suffisamment inquiétante pour user les démocraties », analyse le think tank European Council on Foreign Relations.
Cette pression répétée vise également à fragiliser la résolution politique des pays occidentaux. En multipliant les incidents, la Russie espère semer le doute, faut-il réagir systématiquement, au risque d’une escalade, ou rester mesuré, au risque de paraître faible ? « C’est une guerre d’usure psychologique autant que militaire », résume The Guardian.
Réunis à Copenhague, les chefs d’État ont mis en avant un projet ambitieux, la création d’un réseau coordonné de capteurs, brouilleurs et intercepteurs sur les frontières orientales, surnommé le « mur anti-drone ». L’idée, mutualiser les moyens militaires pour offrir une défense continue de la Baltique aux Balkans. Le Danemark et la Suède ont d’ores et déjà annoncé le déploiement de nouvelles capacités de détection et de brouillage pour protéger les infrastructures critiques.
L’argent russe au service de l’Ukraine ?
Autre point sensible du sommet, l’utilisation des revenus générés par les actifs russes gelés pour financer l’aide militaire à l’Ukraine. Une mesure soutenue par plusieurs capitales mais qui suscite des débats juridiques et politiques, notamment sur la question du respect du droit de propriété.
Au-delà des mesures techniques et financières, la véritable question reste celle de la posture stratégique. Faut-il renforcer une doctrine de « dissuasion active » plus offensive, ou rester dans la retenue pour éviter d’offrir à Moscou le prétexte d’une escalade ? Pour Al Jazeera, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a résumé l’enjeu, « La Russie mène une guerre hybride contre l’Europe. Il ne s’agit pas seulement de drones, mais d’un test de notre unité ».
Derrière chaque vol de drone russe, il n’y a pas seulement une intrusion aérienne, mais une tentative calculée d’user les défenses, d’alimenter les divisions et de redessiner les lignes rouges de la sécurité européenne. Copenhague marque un tournant, l’Europe sait désormais que la menace ne se limite plus à l’Ukraine, mais vise directement ses propres cieux.
ÉCRIT PAR : SAHBY MEHALLA
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