Après des années de tensions, Paris et Alger amorcent une nouvelle ère de dialogue. Le ministre français de l’Intérieur envisage une visite officielle en Algérie, saluant un "signe d’apaisement".
Par @lemanifestmedia
Laurent Nunez / Getty
Après plusieurs années de tensions diplomatiques, la France et l’Algérie semblent amorcer un tournant décisif. Laurent Nunez, ministre français de l’Intérieur, a annoncé ce mercredi 13 novembre qu’il « pourrait très probablement se rendre en Algérie dans un avenir proche », saluant « un signal fort d’apaisement » entre les deux pays.
Cette déclaration fait suite à un geste remarqué du gouvernement algérien, la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, figure intellectuelle souvent critique envers le régime d’Alger. L’auteur, arrêté pour des propos jugés subversifs, a finalement été relâché en début de semaine. Pour Paris, ce geste est perçu comme une main tendue. « C’est un signal de bonne volonté qui mérite d’être salué », a déclaré Nunez, ajoutant que les deux gouvernements « œuvrent à reconstruire un dialogue de confiance ».
Depuis plusieurs années, les relations franco-algériennes ont été marquées par des crispations récurrentes, nourries à la fois par des différends historiques, des désaccords diplomatiques et des polémiques liées à l’immigration ou aux mémoires coloniales. La décision de la France en 2021 de réduire drastiquement les visas accordés aux ressortissants algériens avait provoqué une vive réaction du gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune. S’en est suivie une longue période de gel des visites officielles et d’échanges au sommet.
La reconnaissance récente par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a également contribué à tendre les relations, Alger étant en désaccord avec cette position. Pourtant, certains signaux indiquent depuis plusieurs mois un désir mutuel de reprendre contact.
La visite potentielle de Laurent Nunez s’inscrirait dans une volonté de renouer le dialogue bilatéral sur les sujets sensibles, coopération sécuritaire, lutte contre l’immigration illégale, gestion des flux migratoires et mémoire commune. Le ministre a souligné que « le dialogue ne peut avancer sans gestes symboliques de part et d’autre », se félicitant d’un « climat plus propice » à la coopération.
Du côté algérien, aucun commentaire officiel n’a été formulé sur cette visite, mais plusieurs sources diplomatiques confirment que des discussions sont en cours pour organiser une rencontre de haut niveau à Alger dans les prochaines semaines.
Cette éventuelle visite ne serait pas anodine, elle interviendrait à un moment stratégique pour les deux pays. En France, le gouvernement cherche à redéfinir sa politique migratoire avec ses partenaires du Maghreb. En Algérie, les autorités souhaitent restaurer leur image à l’international, après une série de critiques sur la liberté d’expression et la répression des opposants.
Dans ce contexte, la reprise du dialogue pourrait bénéficier aux deux parties. « L’Algérie reste un partenaire incontournable pour la stabilité de la Méditerranée et pour la France », a rappelé un diplomate français sous couvert d’anonymat. « Mais tout dépendra de la sincérité des engagements réciproques. »
ÉCRIT PAR : LA RÉDACTION
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